URGENT

ÉTATS-UNIS Tribune libre Militants et responsables syndicaux et anti-guerre s’expriment sur la guerre en Afghanistan et ses conséquences

antiwar

Gene BRUSKIN 

Co-fondateur de la coalition syndicale US Labor Against the War 

La coalition syndicale US Labor Against the War a été fondée en janvier 2003 pour s’opposer à la guerre imminente contre l’Irak et afin de porter la voix du mouvement syndical contre les interventions militaires américaines à l’étranger, y compris en Afghanistan. Ce n’est pas un hasard si les guerres d’Irak et d’Afghanistan ont été déclenchées par l’administration farouchement anti-ouvrière de George Bush et Dick Cheney, alors que ne cessait de croître la résistance des travailleurs à leurs politiques. La guerre et le nationalisme ont toujours réussi, aux États-Unis, à détourner l’attention des gens des injustices perpétrées à leur encontre par notre propre gouvernement et leurs amis du grand capital. 

Comble de l’ironie, et en même temps fait très révélateur, le retrait des troupes américaines d’Afghanistan est à nouveau utilisé pour remettre en cause des acquis de la classe ouvrière américaine. Le succès du front uni massif des forces sociales qui s’est dressé contre la menace d’une dictature de Trump avait imposé un ensemble de mesures politiques progressistes et d’investissements sociaux jamais vus au cours des dernières décennies. Mais, une fois de plus, une intervention étrangère américaine a détourné l’attention de la nation et des besoins de sa population pour la focaliser sur la protection de nos troupes et de nos concitoyens en Afghanistan ainsi que de ces Afghans dont la vie est en danger pour avoir soutenu notre agression. 

Le bilan de 20 ans de guerre américaine en Afghanistan est tragique : d’immenses souffrances, la mort, l’appauvrissement et le déplacement de millions d’Afghans pour lesquels les ÉtatsUnis étaient censés se battre ; des centaines de milliards de dollars déversés dans les caisses de l’industrie de guerre (nombre de ces armes finissant entre les mains des talibans) ; des milliards de dollars évanouis au profit de patrons américains et de dirigeants afghans corrompus ; des milliers de morts et de blessés parmi les soldats américains, pour la plupart issus de la classe ouvrière, et une quantité incalculable de dommages pour ceux qui souffrent de stress post-traumatique ; et, enfin, un champ libre pour Daesh en Afghanistan, qui émerge dans le désordre laissé derrière lui par le départ des États-Unis, et qui contredit tous les prétextes invoqués pour envahir l’Afghanistan. 

Il est impossible de séparer le caractère impérialiste de la politique étrangère américaine, de la politique menée aux États-Unis mêmes. Il n’y aura pas de justice chez nous tant qu’il n’y aura pas de justice pour tous. La justice, comme la santé et le règlement durable du problème climatique, ne peuvent être garantis qu’à l’échelle mondiale. 

27 août 2021 


Clarence THOMAS 

Ancien président de la section syndicale 10 du syndicat des dockers de la côte ouest (ILWU

La chute du gouvernement corrompu d’Afghanistan soutenu par les puissances occidentales, était inévitable. Et nous assistons aujourd’hui à la destruction de l’Afghanistan, avec le déplacement massif d’Afghans terrorisés. 

Plus de 2 000 milliards de dollars ont été dépensés dans cette guerre impérialiste, une guerre qui dure depuis 20 ans. Imaginons ce qui aurait pu être fait avec ces 2 000 milliards de dollars s’ils avaient été dépensés dans notre pays. Nous aurions probablement pu instaurer un service public garantissant des soins gratuits pour tous, des salaires décents, des infrastructures, une meilleure école publique, et plus encore. 

Mon syndicat, la section 10 de ILWU, a été à l’avant-garde de la lutte contre la guerre « à l’intérieur comme à l’extérieur ». Par la grève, nous avons paralysé les 24 ports de la côte ouest pour protester contre les guerres en Irak et en Afghanistan, et c’était la première fois qu’un syndicat américain appelait à la grève, non pas pour les salaires et des améliorations sociales, mais pour protester et résister contre la politique étrangère américaine. C’était historique. 

Nous sommes convaincus que cette action de grève, et bien d’autres actions ouvrières depuis les années 1930, n’aurait pas eu lieu sans l’action des militants de base et des dirigeants Noirs de la section 10 d’ILWU. Nous avons montré l’exemple à d’autres syndicats. 

Cela dit, je suis persuadé qu’en raison de l’influence du Parti démocrate, le mouvement syndical au niveau national a été entravé, empêché de décider de telles actions indispensables à la défense des intérêts de la classe ouvrière. La subordination du mouvement syndical au Parti démocrate nous a démobilisés, nous empêchant de nous opposer aux guerres et occupations américaines au nom du profit. 

Notre mouvement syndical doit agir de manière indépendante, en commençant par exiger la réduction drastique du budget militaire. « Une attaque contre un, c’est une attaque contre tous ! » (devise du syndicat ILWU). 


Désirée ROJAS 

Présidente de la section de Sacramento du Labor Council for Latin American Advancement (Organisation de défense des travailleurs latinos de l’AFLCIO) 

Il y a des années, on a qualifié la guerre en Afghanistan de « guerre à guichet ouvert », et aujourd’hui, on pourrait dire « une guerre à guichet ouvert, sans livre de compte ». 

Quelle leçon que de voir la fin d’une guerre qui a presque mis les États-Unis en faillite et qui, par sa conception, a alimenté la campagne de privatisation, d’attaques anti-ouvrières dans tout le pays, en particulier contre les travailleurs du secteur public aux niveaux local, des États et fédéral, tandis qu’elle créait de plus en plus de nouveaux milliardaires. 

Ce sont ces mêmes milliardaires – et multimilliardaires – qui sont exonérés d’impôts, se moquent des lois, punissent les travailleurs et leurs familles, et détruisent notre environnement. Cette situation nous a amenés à accueillir des réfugiés et intensifier la lutte pour la justice en faveur des immigrés, pour la gratuité des soins de santé, la baisse des loyers et pour les emplois ! 


Jim LAFFERTY 

Directeur exécutif honoraire de la National Lawyers Guild de Los Angeles, et membre du conseil d’administration de l’American Civil Liberty Union de Californie du Sud. 

Quelques heures après les attentats du 11 septembre 2001, lors d’une réunion de crise au sommet, le secrétaire à la Défense de l’époque, Donald Rumsfeld, a écrit : « Voyez si vous êtes en situation d’atteindre S.H. (Saddam Hussein) … allez-y en force… balayez tout ça. Que les choses aient un rapport entre elles ou pas. » 

C’était ce que les impérialistes américains purs et durs avaient cherché… un nouveau Pearl Harbor qui justifierait, dans l’esprit du peuple américain, que les États-Unis attaquent l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan, etc. « Que les choses aient un rapport entre elles ou pas». 

Depuis le 11 septembre, c’est ce que les États-Unis ont plus ou moins fait. Et rien de tout cela, comme en Irak, n’a tourné comme les impérialistes l’avaient espéré. L’Afghanistan n’est qu’un nouvel exemple. 

Si aujourd’hui, les journalistes et les experts commençaient par reconnaître que nous n’avions aucun droit de faire la guerre en Afghanistan à l’époque, ni aucune chance d’apporter autre chose que la mort et la dévastation, alors le peuple américain pourrait comprendre le véritable contexte de la débâcle en cours. En d’autres termes, le peuple américain pourrait comprendre que la tragédie actuelle en Afghanistan lors du départ de nos troupes est la faute du gouvernement américain, et non du peuple afghan, si méprisables que puissent être ceux qui contrôlent actuellement l’Afghanistan. 


Katharine HARER 

Co vice-présidente et organisatrice de la section 1493 de la Fédération des enseignants américains (AFT), San Mateo Community College. 

L’intervention militaire de notre pays en Afghanistan m’attriste et me révolte. Elle a duré plus de vingt ans, il s’agit de la plus longue intervention militaire des États-Unis, laissant derrière elle des centaines de milliers de morts ou de mutilés, contraignant des millions de personnes à chercher refuge dans des pays étrangers. Le coût total de la guerre pour les États-Unis s’élève à plus de 2 000 milliards de dollars. 

Pendant ce temps, notre pays poursuit sa course folle vers une situation où les inégalités de revenus atteignent des sommets : des familles ont faim, le nombre de ceux qu’on expulse de leur maison et qui se retrouvent à la rue s’accroît et les soins médicaux sont coûteux et difficiles d’accès. Les budgets de l’enseignement continuent à diminuer, tandis que les salaires des enseignants ne permettent pas de faire face au coût de la vie. De nombreux étudiants de nos lycées publics cumulent deux petits boulots ou plus pour survivre. Il est temps de se recentrer sur les besoins des États-Unis et de notre peuple et d’arrêter d’intervenir militairement dans d’autres pays. 

Je suis de tout cœur avec nos soldats toujours stationnés en Afghanistan et avec tous les réfugiés qui cherchent à être accueillis dans notre pays. 

Nous ne voulons plus de guerres impérialistes, plus de vies gâchées ! 


Michael ZWEIG 

Ancien co-organisateur national de U.S. Labor Against the War 

Pour reprendre un vieil adage : toutes les mauvaises choses ont une fin. C’est ainsi que les ÉtatsUnis retirent toutes leurs troupes d’Afghanistan. 

Le président Biden et d’autres hauts responsables du gouvernement américain affirment qu’ils n’imaginaient pas que le gouvernement afghan et ses forces armées (qu’ils avaient créés et payés) allaient disparaître en quelques jours après l’annonce du retrait des troupes américaines. La triste réalité est que la classe dirigeante américaine n’a jamais eu la moindre idée des véritables dynamiques politiques et sociales en Afghanistan. Tout comme il était ridicule que les États-Unis prétendent, il y a des années, fournir une assistance militaire aux forces afghanes afin qu’elles soient correctement équipées et apprennent à se battre ! Le peuple afghan sait comment se battre depuis très longtemps. C’est pour cela que l’Afghanistan est appelé le cimetière des empires. 

Mais nous, militants du mouvement ouvrier et de toutes les sections de la société civile américaine militant pour la paix, nous savions dès le début de cette guerre en 2002 qu’elle était une erreur. Nous nous sommes immédiatement mobilisés contre elle parce que nous refusions qu’un pays en envahisse et en domine un autre. Nous savions que cette guerre menée par les États-Unis était vouée à l’échec, parce que nous savions que l’Empire ignore ce que le peuple sait. Nous savions que la domination de n’importe quel pays par les États-Unis entraînerait une résistance et la défaite finale. 

Et c’est ce qui s’est passé. Mais après combien de morts ? Combien de souffrance ? Combien de destructions physiques et sociales catastrophiques dans ce pays ? Et au prix de combien de honte pour la classe dirigeante américaine dans toute son arrogance ignare ? 

Pourtant, le président Biden continue de promettre que les moyens militaires et de renseignement américains continueront à opérer en Afghanistan « depuis l’autre bout du monde », frappant là où il le voudra. Pendant ce temps, Biden veut « redéployer » les moyens militaires et diplomatiques stratégiques des ÉtatsUnis pour affronter la République populaire de Chine, afin de montrer au monde que « les États-Unis sont de retour, à la première place ». 

Le président Biden n’est pas un apôtre de la paix. Face aux défis dans notre pays découlant des inégalités flagrantes, de la pandémie, des catastrophes environnementales sans précédent (incendies, inondations et sécheresses), nous devons porter haut le drapeau de la paix et de la solidarité internationale des travailleurs. La Luta Continua

27 août 2021 


Sandy EATON, RN 

Ancien président du Conseil exécutif du syndicat des infirmiers/infirmières, National Nurses United (AFL-CIO) 

L’Afghanistan et la classe ouvrière 

Il y a 42 ans, l’administration Carter a commencé à recruter, financer et armer des fanatiques religieux pour aider à renverser le gouvernement socialiste de Kaboul et entraîner l’Union soviétique dans un bourbier. L’administration Reagan a ensuite largement étendu cette ingérence, et a réussi à faire tomber l’Union soviétique. Depuis, chaque administration américaine, républicaine ou démocrate, a contribué à dévaster l’Asie centrale, le Moyen-Orient, l’Afrique et le monde entier. 

Aux crises climatiques et à la pandémie, il faut maintenant ajouter la crainte que les ÉtatsUnis, mis en déroute en Afghanistan, ne se déchaînent violem

ment ailleurs, tant pour faire oublier cette humiliation que pour assurer aux marchands d’armes leur position privilégiée dans l’économie. 

Au début de la première administration Reagan, 241 Marines américains ont été tués dans une explosion à Beyrouth. Quelques jours plus tard, les forces armées américaines ont envahi Grenade pour renverser le gouvernement du New Jewel Movement. Plus tard, les États-Unis ont envahi le Panama, frappant brutalement les quartiers ouvriers. 

Nous devons donc nous tenir prêts à faire face aux prochaines attaques, qu’elles soient dirigées contre Cuba, le Venezuela, le Nicaragua ou les mouvements de libération qui se font jour en Amérique latine et dans les Caraïbes. Une bête blessée, même blessée à mort, continue de frapper. Nous sommes solidaires avec toutes les victimes des crimes passés et à venir de l’impérialisme. 


Julian KUNNIE 

Militant de First Nations Enforcement Agency, du Free Mumia Movement et de la Black Alliance for Peace (à titre personnel) 

L’invasion et l’occupation de l’Afghanistan par les États-Unis et l’OTAN depuis 2001, comme toutes les guerres impérialistes, ont entraîné la mort, des dévastations et des souffrances indicibles pour le peuple afghan et les peuples de la région. 

Ces guerres, ainsi que les guerres impérialistes américaines utilisant des armes de destruction massive, continuent de détruire des nations majoritairement musulmanes comme la Libye, la Syrie, l’Irak, la Somalie, le Yémen (avec l’aide de la monarchie saoudienne) et d’autres. Elles équivalent à un génocide culturel étant donné que ces peuples comptent parmi les plus pauvres du monde. 

Toutes les guerres d’invasion, d’agression, de destruction et d’occupation pour le pillage du pétrole et d’autres ressources nécessaires à la machine à produire des bénéfices du capitalisme doivent cesser maintenant. Il ne peut y avoir d’humanité, de vie, avec des guerres absurdes et sanglantes qui portent atteinte à la Terre et à la vie. Pas de justice, pas de paix ! 


Michael CARANO 

Militant de la section 348 du syndicat des camionneurs (Teamsters), retraité 

Après des centaines de milliers morts pendant 20 ans, après plus de 2 000 milliards de dollars de dépenses inutiles dont les seuls gagnants sont l’industrie militaire et les fabricants d’armes, après les mensonges incessants sur les « progrès » dans l’instauration d’une prétendue démocratie et de la nation en Afghanistan, le président Joe Biden déclare que les États-Unis quittent l’Afghanistan. 

Toute déclaration venant de Washington doit être appréhendée avec le scepticisme qui s’impose. Ce scepticisme nous suggère que les véritables raisons du retrait des troupes ne sont pas entièrement honorables, à commencer par la réorientation de son attention : la « guerre contre le terrorisme » ayant perdu son actualité, les États-Unis se tournent aujourd’hui vers une réponse militaire contre la puissance économique colossale de la Chine et la menace de son alliance avec la Russie, dans une nouvelle guerre froide. 

Les États-Unis doivent reconnaître l’échec de plus de 40 ans d’une politique étrangère qui utilise la puissance pour faire accepter aux autres nations ses desseins impériaux et économiques. Il est maintenant temps d’en finir avec le désordre que cette politique a provoqué dans de nombreuses régions du monde. Il faut mettre fin à toutes les sanctions contre l’Iran, la Syrie, le Yémen, le Venezuela, le Nicaragua et Cuba. 

En plus de leur ingérence incessante dans ces pays, les États-Unis doivent mettre fin à leurs tentatives répétées d’étouffer le droit à l’autodétermination des peuples en Haïti, dans les nations de la corne de l’Afrique, en Amérique centrale et du Sud. 

Ils doivent réduire (au moins) de moitié leur budget militaire et consacrer cet argent au bien-être matériel des citoyens par l’amélioration de l’école publique, du système de santé, de la lutte contre le changement climatique et, bref, devenir une nation parmi les nations, qui travaille en collaboration avec toutes les nations pour éviter la destruction nucléaire et la dégradation du monde. Il est temps de s’attaquer au cœur du complexe militaro-industriel dans le Congrès. 

L’empire doit cesser maintenant. L’organisation du monde avec comme seul but du profit doit cesser. Il est temps que l’humanité se rassemble pour faire face à la menace que le capitalisme fait peser sur notre planète. 


Cliff CONNER 

Auteur de The Tragedy of American Science 

Lorsque Joe Biden a déclaré avec suffisance que « l’Afghanistan est le cimetière des empires », n’a-t-il pas pris conscience qu’il reconnaissait par là le caractère impérialiste de l’intervention américaine ? 

Les récents événements en Afghanistan démontrent l’échec de leur « plan A » (la stratégie du « changement de régime », visant à soumettre l’Afghanistan et à en faire une néo-colonie américaine docile). Cependant, le plan de repli, « plan B », la stratégie de « l’État failli» se poursuit, comme en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen, en Somalie et dans tant d’autres pays : lorsque les ÉtatsUnis ne peuvent pas conquérir un pays, ils tentent de détruire militairement ses institutions, son économie et son infrastructure, et une fois parvenus à cela, les décideurs politiques verseront des larmes de crocodile sur « l’Etat failli » qu’ils ont créé. 

Il n’est donc pas surprenant de les voir « déféquer sur le sol en quittant la maison ». Le dernier chapitre de la saga afghane n’a pas encore été écrit, mais l’échec évident de l’impérialisme américain à écraser l’Afghanistan après vingt ans d’efforts tous azimuts témoigne puissamment du déclin et de la chute en cours de l’empire américain. 


Joe LOMBARDO 

Membre du comité directeur de la coalition United National Antiwar Coalition 

Camarades, 

Veuillez trouver ci-dessous, à titre de contribution, de brefs extraits d’une déclaration publiée le 19 août par la United National Antiwar Coalition (UNAC), dont je fais partie du comité directeur. Elle est intitulée : « Déclaration de l’UNAC sur la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans. » 

« Les événements se succèdent très rapidement dans le monde aujourd’hui, mais aucun évènement n’a été plus rapide que l’avancée des talibans et la chute du régime fantoche pro-américain en Afghanistan. 

Les États-Unis sont censés avoir envahi l’Afghanistan pour capturer Oussama Ben Laden qu’ils tenaient pour responsable des attentats du 11 septembre. Le gouvernement taliban a déclaré qu’il le remettrait à un tribunal international si la preuve de son implication était apportée, mais plutôt que de le faire, les ÉtatsUnis ont attaqué et occupé le pays et ont confié le gouvernement à un groupe de seigneurs de la guerre membres de l’Alliance du Nord. Cela était censé apporter la démocratie en Afghanistan. Vingt ans plus tard, les talibans sont revenus plus forts que jamais. 

Ces 20 dernières années ont été un enfer pour le peuple afghan. Environ 240 000 personnes ont été tuées, il y a eu des frappes massives de drones et de bombardements, la mise en place de prisons secrètes où l’on pratique la torture comme la base aérienne de Bagram. La production d’opium est montée en flèche sous l’occupation américaine. 

Les États-Unis n’ont jamais été en Afghanistan pour combattre le terrorisme ou pour apporter une vie meilleure au peuple afghan, ils étaient là pour installer un gouvernement pro-américain qui soutiendrait leurs objectifs stratégiques politiques et militaires dans la région, y compris leur agression contre la Chine et l’Iran. Ils voulaient également mettre la main sur les vastes ressources minérales de l’Afghanistan. 

Nous devons exiger : l’arrêt des bombardements, le retrait de toutes les troupes, mercenaires et forces spéciales, du pays et de la région, l’arrêt des sanctions et le paiement de réparations pour les destructions causées par la guerre et l’occupation. Le peuple afghan doit décider de son sort sans l’intervention des États-Unis. 

Salutations fraternelles 

Joe Lombardo 


Jack RASMUS 

Auteur, économiste, militant syndical 

L’Afghanistan, marqueur de l’empire américain à un moment historique 

Les États-Unis et leur hégémonie mondiale ne peuvent plus supporter le coût financier de leur maintien en Afghanistan, donc ils s’en retirent. Les nouveaux coûts prévus pour le maintien de l’empire mondial américain au cours de la prochaine décennie ont spectaculairement augmenté, comparés à ce qu’ils étaient au début de la guerre en Afghanistan à l’automne 2001. Les États-Unis se retirent parce que, pour la première fois depuis 1945, ils ont décidé de réduire leurs coûts dans des zones moins stratégiques comme l’Afghanistan, afin de pouvoir financer les coûts croissants que l’impérialisme envisage de devoir assumer ailleurs et qui devraient augmenter fortement au cours de la décennie 2020 et au-delà. 

Les deux nouveaux domaines nécessitant des milliers de milliards de dollars de nouveaux financements sont : 

1 le coût vertigineux des investissements dans les technologies nouvelle génération nécessaires pour concurrencer la Chine, tant sur le plan militaire qu’économique ; 

2 le coût des investissements en cybersécurité nécessaires pour faire face à la Russie, à la Chine et à certains concurrents moins importants. 

Les défenseurs des intérêts impérialistes américains réalisent qu’ils ne peuvent pas continuer à gaspiller des milliers de milliards de dollars dans des guerres en Afghanistan, sans parler du MoyenOrient au sens large, qu’il s’agisse de l’Irak, de la Libye, de la Syrie/ Daesh, de l’endiguement de l’Iran ou du financement de la guerre des États arabes au Yémen. 

L’effondrement de ses finances oblige l’empire américain à se retirer, à se consolider et à se réorienter pour faire face aux nouvelles menaces stratégiques qui se profilent à l’horizon pour l’hégémonie impériale américaine. 

Désormais, l’accent sera mis sur la grande guerre technologique avec la Chine et les conflits de cybersécurité avec la Russie. Ce sont les intérêts stratégiques clés de l’empire américain dans cette décennie et au-delà… pas l’Afghanistan. 

27 août 2021 


Rodger SCOTT 

Ancien président de la section 2121 de la Fédération des enseignants (AFT) 

La guerre non déclarée et interventionniste en Afghanistan a été l’un des échecs les plus honteux et les plus destructeurs de la politique étrangère bête, raciste et hystérique de mon pays. Je suis un patriote : j’ai servi dans l’armée américaine, entre les guerres de Corée et du Vietnam. J’ai également servi deux ans en tant que volontaire du Corps de la Paix en Colombie et 48 ans en tant qu’enseignant dans quatre pays. Nous devons tirer les leçons de nos crimes contre l’humanité et cesser d’intervenir contre d’autres nations. 


Allan FISHER 

Ancien membre du bureau exécutif de la section 2121 de la Fédération des enseignants (AFT) 

Les États-Unis doivent tirer comme leçon de l’expérience afghane qu’ils n’ont pas le droit d’occuper d’autres terres, peuples et nations. Les États-Unis doivent fournir des réparations et des excuses aux peuples qu’ils ont 

agressés. Les méthodes américaines de guerre ont toujours entraîné d’énormes pertes parmi les civils innocents. La vengeance ne devrait jamais être une justification à l’utilisation de la violence contre des adversaires, car elle augmente la probabilité de représailles et d’une violence continue contre les deux parties. 

Les forces armées américaines et leurs guerres sont une source majeure de gaz à effet de serre qui constituent une menace pour la survie de l’humanité. Qui en profite ? Les profiteurs de guerre ! Personne ne devrait être autorisé à profiter des dépenses de guerre et de défense nationale. Nous devons lutter pour mettre fin à ces guerres injustes et réduire considérablement notre budget « de la défense », budget dont la démesure ne rend pas notre pays plus sûr. 


Hal SUTTON 

Retraité, membre de United Auto Workers (UAW) 

Après 20 ans d’intervention militaire des États-Unis et de l’OTAN, la coalition de nations impérialistes dirigée par les ÉtatsUnis se désengage d’Afghanistan, déchiré par la guerre. Elle laisse le pays aux mains d’un régime soutenu à l’origine par les États-Unis, mais que ceux-ci ont chassé après le 11 septembre 2001. 

Alors que le retrait des troupes touche à sa fin, le danger d’un retour des troupes impérialistes subsistera tant que le capitalisme impérialiste continuera de dominer l’économie politique de l’humanité. Les masses laborieuses du monde, y compris des États-Unis, n’auront absolument aucun intérêt dans un réengagement militaire en Afghanistan, comme elles n’ont aucun intérêt à aucune intervention impérialiste. Le mouvement syndical aux États-Unis doit être vigilant et s’opposer à toute opération militaire impérialiste, car celles-ci se font toujours au détriment des intérêts de la classe ouvrière. 


Déclaration d’Haïti Liberté sur la guerre menée par les États Unis en Afghanistan (publiée à Brooklyn, N.Y.) 

L’invasion militaire et l’occupation de l’Afghanistan par les États-Unis d’octobre 2001 à août 2021 est l’un des plus grands crimes de l’histoire. Il s’agit d’une violation du droit international, des droits de l’homme, de la Charte des Nations unies et des principes de Nuremberg, et d’un crime contre la paix, défini en partie comme « la planification, la préparation, le déclenchement ou la conduite de guerres d’agression ». 

Cette guerre criminelle a tué plus de 241 000 Afghans, hommes, femmes et enfants. Elle a également fait quelque 2 500 morts et près de 21 000 blessés parmi les soldats américains. Elle a produit plus de deux millions de réfugiés afghans, qui sont déplacés à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. La guerre a coûté 

environ 2 300 milliards de dollars et a été utilisée comme tremplin pour la guerre suivante contre l’Irak. 

En Haïti, il y a un siècle, nous avons été victimes d’une guerre américaine similaire qui a duré deux décennies. De 1915 à 1934, les Marines américains ont occupé militairement Haïti, tuant des milliers d’Haïtiens, qui, eux aussi, ont résisté farouchement à leur agression. 

Le but de l’invasion était de prendre le contrôle d’Haïti à des fins géopolitiques. Les ÉtatsUnis voulaient prendre le contrôle de notre agriculture, de nos matières premières et de nos banques, ainsi que du détroit de la Passe au Vent entre Haïti et Cuba, par lequel passe toute la navigation de la côte est des États-Unis vers la côte ouest, en route vers le canal de Panama, achevé en 1914. Les États-Unis affirmaient leur contrôle sur les Caraïbes face à la rivalité des puissances européennes. 

De même, les États-Unis voulaient établir leur contrôle sur l’Afghanistan en tant que région stratégique à travers laquelle 

construire des gazoducs, encercler militairement la Chine et la Russie, assurer leur mainmise sur environ 1 000 milliards de dollars de terres rares et faciliter la production d’héroïne, dont les revenus servent à financer les budgets noirs des services de renseignement américains. 

Mais le peuple afghan, comme le peuple haïtien, a combattu l’occupation américaine jusqu’à la fin. Le bilan de Washington pour les deux décennies qu’il a passées en Afghanistan est nul comme celui pour Haïti il y a un siècle. L’Afghanistan et Haïti montrent que la résistance populaire, sous quelque forme que ce soit, peut déjouer les plans des empires les plus puissants. Les Haïtiens l’ont prouvé en 1804 et en 1934, et les Afghans l’ont prouvé en 2021. 

À bas les guerres sans fin de Washington dans le monde entier ! 

Vive l’autodétermination de l’Afghanistan et d’Haïti ! 

Textes reproduits de la lettre hebdomadaire d’informations de The Organizer, numéro 36 du 31 août 2021. 

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