Une nouvelle étape de la guerre menace
Un article de Dominique Ferré dans La Tribune des travailleurs ( France)
Les nuages s’amoncellent dans le ciel de l’Ukraine. La fonte des neiges invite chaque camp à préparer son offensive.
Côté russe, après avoir envoyé au combat 300 000 citoyens « mobilisés », décimés par les combats, le régime de Poutine envisage de mobiliser 400 000 « volontaires ». Il a fait déployer des armes nucléaires sur le territoire de la République de Belarus. À la tête d’un régime oligarchique qui n’a rien à envier à ses voisins russe et ukrainien, le président biélorusse Loukachenko s’en inquiète. Allié de Poutine, il n’a cependant pas engagé ses troupes dans le conflit, conscient de la profonde hostilité à la guerre du peuple biélorusse.
Le 31 mars, il déclare : « Des incendies nucléaires guettent à l’horizon », et en appelle à des pourparlers « sans négociations préalables ». Proposition immédiatement rejetée, à Kiev et à Moscou.
Côté ukrainien, les armes lourdes et offensives promises par l’OTAN sont arrivées. Le 27 mars, dix-huit chars de combat Leopard 2 allemands ont été livrés, selon le ministre allemand de la Défense, s’ajoutant aux quatorze livrés par la Pologne, ainsi que des chars britanniques Challenger. Ils seront suivis par des dizaines d’autres envoyés par le gouvernement « socialiste » espagnol et, bien sûr, par les États-Unis. Sans compter les avions de chasse polonais et slovaques.
Confirmant qu’elle encadre l’armée ukrainienne, l’armée américaine a ressorti la vieille technique du jeu de cartes pour apprendre aux troupes ukrainiennes à distinguer les noms et les fonctionnements des différents engins de guerre, rapporte le New York Times (28 mars). Et, ô surprise ! certaines cartes correspondent à des équipements que, pour le moment, les États de l’OTAN ont assuré ne pas vouloir livrer à Zelensky, comme l’hélicoptère américain Black Hawk ou le char français Leclerc…
Le journaliste américain Jonathan Guyer note : « L’administration Biden fait preuve d’un engagement croissant en faveur de l’Ukraine. Pourtant, les participants à la conférence téléphonique de la Maison-Blanche en janvier m’ont dit que la Maison-Blanche s’était opposée aux plus chauds partisans de l’armement de l’Ukraine. (…) Il ne semble pas envisagé, par exemple, de donner des armes nucléaires à l’Ukraine » (29 mars). Pour le moment en tout cas… mais pour combien de temps ?
Répétons-le : les travailleurs de tous les pays n’ont aucun intérêt dans la poursuite de cette guerre impérialiste. Le seul bénéficiaire en est la classe capitaliste. Elle le dit avec un total cynisme dans ses journaux : « Les tensions internationales sont excellentes pour les industries d’armement. Mais les guerres sont d’incomparables pourvoyeuses de commandes. Celle d’Ukraine ne fait pas exception à la règle. Non seulement les armes sont livrées en abondance à Kiev, mais les pays anxieux, désireux de renforcer leur défense, se précipitent également chez les fournisseurs, habituels ou pas. À ce jeu, les États-Unis écrasent la concurrence : en 2022, leurs ventes d’armes ont augmenté de moitié ! » (Le Point, 30 janvier).