URGENT

CHINE : Entraide ouvrière chez les livreurs

Témoignage extraits de la Lettre de la commission d’enquête Chine.

Yang Xiaobing est livreur à vélo. Le 28 février dernier, il est renversé en pleine livraison par un gros camion à l’est de Pékin. Bilan : fracture de la jambe. Yang fait partie d’un groupe de livreurs WeChat (célèbre application de messagerie en Chine) auquel il lance un appel : il lui faut rassembler des fonds pour l’intervention chirurgicale car la demande d’attestation d’accident du travail prend du temps – et nécessite la coopération de l’employeur – et l’assurance qu’il a souscrite par l’intermédiaire de la société de la plateforme ne peut y répondre, rapporte China Labour Bulletin (13 juillet).

Chen Guojiang, qui fut le dirigeant de l’Alliance des livreurs, lança de son côté, sur ses réseaux, un appel à contribuer financièrement pour aider Yang car, dit-il, « si l’intervention n’est pas effectuée à temps, il est très probable qu’il en résultera une invalidité grave à vie ! ». En dix jours, la somme nécessaire fut rassemblée par le groupe de Yang Xiaobing dans un fantastique élan de solidarité.

Yang explique : « Le confinement pour l’épidémie est arrivé d’un seul coup. Il suffit d’une phrase pour être enfermé chez soi. Nous avons essayé à plusieurs reprises de faire appel de cette politique pour les livreurs, mais cela n’a servi à rien. Tout le monde s’en moque. La ville et le comté se renvoient la balle. Nous avons subi trop de choses injustes au cours de ces trois années. Des choses… la vie au bas de l’échelle… vous ne pouvez même pas imaginer ». Il connaît bien le processus administratif pour être indemnisé d’un accident du travail : il a en effet été victime d’un accident du travail certifié par son entreprise d’État, mais n’a jamais pu percevoir le moindre centime. Une autre fois, sa demande d’indemnisation n’a jamais été acceptée.

Toucher son dû, c’est le parcours du combattant : Yang Xiaobing travaille pour le géant Meituan dont le siège est à Pékin. Mais c’est une plate-forme qui se situe à Langfang, à une centaine de kilomètres du siège, qui lui donne le travail. C’est une autre société, située dans une autre province, le Henan, qui lui verse ses salaires. Enfin, c’est une quatrième société, basée dans une troisième province (à Nanchang dans le Jiangxi) qui s’occupe des cotisations et impôts !

Chen Guojiang pose cette question : « Je ne sais pas si c’est moi qui suis “malade” ou si c’est la société qui est “malade”. De nombreux livreurs de repas ont enduré tant de choses ces dernières années, mais personne ne se soucie d’eux lorsqu’ils sont victimes d’accidents tragiques. Je ne sais donc pas qui est malade : la société, les plates-formes de livraison de repas ou nous, les livreurs. Qui peut me répondre ? ».

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