URGENT

FRANCE « Sous l’égide du combat pour l’Internationale ouvrière »

Le 15 juin, le Parti ouvrier indépendant démocratique a tenu un meeting à Paris. Lors de celui-ci, Dominique Ferré a présenté pour les travailleurs et jeunes rassemblés le combat internationaliste du parti.

meetingChers amis, chers camarades,

Je suis persuadé que nous tous ici réunis, qui combattons la politique capitaliste du gouvernement Macron, qui combattons pour les droits ouvriers et la démocratie, nous serons tous d’accord pour que notre meeting adresse son salut à la grève générale dans l’unité de toutes les confédérations syndicales pour le retrait de la réforme des retraites, en finir avec les coupes budgétaires dans l’enseignement public qui, hier, a rassemblé 45 millions de travailleurs au Brésil, 45 millions de travailleurs dans l’unité avec leurs confédérations syndicales, pour dire : dehors la réforme des retraites, dehors Bolsonaro qui a été élu par la fraude, dehors les plans du Fonds monétaire international.

Je suis convaincu également que nous serons tous d’accord pour que notre meeting salue ce formidable mouvement de centaines de milliers d’ouvriers chinois de Hong Kong qui, depuis une semaine, manifestent contre la loi antidémocratique concoctée la main dans la main par les bureaucrates de Pékin et les capitalistes de Hong-Kong, pour tenter de terroriser et réprimer ceux qui organisent des grèves, ceux qui organisent des syndicats indépendants.

Et bien entendu, que nous serons tous d’accord pour que notre meeting adresse son salut fraternel au formidable soulèvement du peuple algérien qui, hier, pour le 17e vendredi consécutif, par millions, est descendu dans toutes les rues d’Algérie, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, pour dire : « régime dégage », mot d’ordre auquel hier a été ajouté : « souveraineté populaire ». C’est un mouvement dans lequel s’insère le mouvement propre de la classe ouvrière, qui, par des centaines de grèves et une bataille de récupération des syndicats, cherche à prendre une place déterminante dans ce mouvement.

Si notre meeting doit saluer nos frères et sœurs du Brésil, d’Algérie et de Chine, ce n’est pas par simple solidarité. Le POID s’est constitué d’emblée sous l’égide du combat pour l’Internationale ouvrière, et à peine était-il constitué qu’il a jeté toutes ses forces avec les militants ouvriers d’Inde, pour le succès de la « Conférence mondiale contre la guerre, l’exploitation et le travail précaire » qui s’est tenue à Mumbai en novembre 2016 et a constitué le Comité ouvrier international contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière. Conférence à laquelle les militants du Pakistan n’avaient pas pu participer du fait de la politique des gouvernements entretenant la menace de guerre entre les deux pays.

Ceci pour une raison fondamentale, partagée il y a 150 ans à la constitution du mouvement ouvrier par l’ensemble des courants et des tendances qui le composaient : à savoir que s’il est absolument indiscutable que la lutte des classes prend des formes différentes d’un pays à l’autre en raison de l’histoire, des conditions sociales, il est tout aussi indiscutable que quel que soit le pays, cette lutte de classe a le même contenu international, c’est-à-dire la lutte entre les exploités et leurs exploiteurs, dans un système capitaliste mondial, qui fait qu’il n’existe qu’une seule classe ouvrière, qui ne connaît pas de frontières.

Qu’elle travaille et se fasse exploiter dans les « zones économiques spéciales » de Chine, qu’elle construise des syndicats indépendants dans les usines automobiles du Brésil, qu’elle se révolte dans les zones industrielles d’Algérie, ou qu’elle fasse grève dans les centres des Finances publiques et dans les hôpitaux en France, il y a une seule classe ouvrière internationale.

Pour le POID, combattre pour l’Internationale ouvrière, c’est mettre en œuvre les principes les plus élémentaires sur lesquels le mouvement ouvrier international a été constitué il y a plus de 150 ans.

Le premier de ces principes, c’est la solidarité ouvrière. La solidarité en toutes circonstances entre les exploités, quelle que soit leur nationalité, leur couleur de peau, leur religion, leurs opinions politiques, la solidarité entre tous les exploités contre les exploiteurs. Et cette solidarité, bien entendu, est particulièrement vitale quand les travailleurs et les militants font face à la répression. C’est pourquoi le POID, depuis plus d’un an, est pleinement associé au combat pour la libération de Lula au Brésil.

Lula, l’ancien président du Brésil, l’ancien président du Parti des travailleurs, qui, il y a un peu plus d’un an, après un procès truqué, était jeté en prison pour une seule raison : empêcher le Parti des travailleurs du Brésil qui l’avait désigné comme son candidat aux élections présidentielles d’octobre 2018 de pouvoir décider qui le représenterait.

Bien sûr, nous savons qu’il y aurait beaucoup à dire sur ce qu’ont fait le PT et Lula quand ils ont dirigé le Brésil pendant douze ans. Il y aurait beaucoup à dire sur ce que des millions et millions d’ouvriers et paysans brésiliens attendaient du Parti des travailleurs en termes de réforme agraire, d’arrêt des privatisations, d’arrêt du paiement de la dette. Mais notre position, c’est que c’est aux travailleurs brésiliens et à eux seuls de décider qui doit les représenter, de décider quel parti les représente et quel parti ne les représente pas, et ce n’est certainement pas à Trump ou Bolsonaro, à Macron ou au FMI de le faire. C’est pourquoi le POID se prononce inconditionnellement pour la libération de Lula.

Comme il se prononce depuis des mois, inconditionnellement, pour la libération de tous les détenus politiques en Algérie, je dis bien : « tous ». Sans en privilégier un ou une. Tous les détenus sans considérer que certains ou certaines seraient plus emblématiques que d’autres. Parce que comme l’a déclaré hier à Alger, devant des milliers de manifestants, Maître Salah Dabouz, qui était l’avocat du militant Kamel Eddine Fekhar, décédé en détention le 28 mai dernier après plus de 50 jours de grève de la faim : « Les libertés démocratiques ne se divisent pas. » Et le POID considère que c’est juste, et il se prononce pour la libération de tous les détenus politiques emprisonnés en Algérie, en particulier du jeune Hadj Ghermoul, jeté en prison au mois de janvier parce qu’il était peut-être l’un des premiers à brandir une pancarte pour dire « Non au 5e mandat », pour la libération de tous les détenus de Ghardaïa, dont Mohammed Baba Nejar, militant du FFS jeté en prison en 2005, et qui continue à y croupir, et bien entendu, pour la libération de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, même si cela ne signifie en aucun cas le soutien à sa politique.

Combattre pour l’Internationale ouvrière, pour nous, c’est combattre pour le respect d’un principe démocratique qu’aujourd’hui seule la classe ouvrière peut porter, celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Oh, bien sûr, beaucoup de dirigeants de gauche dans leurs discours affirment partager cette position. Malheureusement c’est souvent un partage à géométrie variable.

Pour le POID, qui combat pour l’internationale ouvrière, combattre pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, cela signifie en particulier combattre pour le droit du peuple catalan à se libérer de la monarchie espagnole héritée de la dictature de Franco, le droit du peuple catalan de constituer sa République catalane, qui ouvrira la voie à l’union libre des républiques d’Espagne.

Combattre pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est évidemment combattre pour le droit du peuple du Venezuela à décider librement de son sort, en dehors de toute ingérence des États-Unis. C’est bien entendu la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien, son droit à la terre, à la nation, et le droit au retour de tous les réfugiés.

Combattre pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, pour nous en France, c’est combattre pour le retrait de toutes les troupes françaises de tous les pays où elles interviennent, et en particulier combattre pour le retrait des troupes françaises que M. Hollande a envoyé au Mali en 2012 et qui, aujourd’hui, assiste avec complicité aux massacres des villageois qui se multiplient ces derniers jours.

Combattre pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est bien entendu combattre pour le droit du peuple algérien à décider librement de son sort, c’est-à-dire combattre pour le droit du peuple algérien à écarter toute prétendue solution qui viserait à préserver le régime en place, c’est-à-dire combattre pour le droit du peuple algérien de désigner librement ses représentants à une assemblée constituante souveraine, qui décidera librement la forme et le contenu de la démocratie et de l’Algérie nouvelle auxquelles des millions d’Algériens aspirent.

Mais la condition pour cela, et je le dis parce que nous tenons un meeting en France, c’est que nous, en France, nous combattions contre toutes les tentatives d’ingérence du gouvernement Macron dans les affaires de l’Algérie, et en particulier ces derniers jours, contre la tentative de la multinationale française Total de s’emparer du pétrole algérien. Oui, nous l’affirmons ici : le pétrole et le gaz algériens appartiennent au peuple algérien. Ils l’ont arraché au prix d’un million et demi de martyrs en 1962.

Le combat pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est s’opposer à cette marche à la guerre américaine contre l’Iran. Les incidents se multiplient dans le Golfe persique, les provocations de Trump se multiplient, couvertes par l’Union européenne et Macron. Ils osent invoquer la nature du régime iranien pour justifier leur marche à la guerre ! Eux qui financent la monarchie saoudienne et sa guerre d’extermination au Yémen ? ! Eux qui déroulent le tapis rouge devant les Netanyahou et les Bolsonaro ?! Ils osent prétendre que ce sont des provocations militaires iraniennes qui justifieraient la marche à la guerre ! Eux qui, il y a quelques années, ont mis en scène le mensonge des « armes de destruction massives » pour justifier l’invasion et la destruction de l’Irak.

Alors nous POID, avec nos camarades militants ouvriers des États-Unis, affirmons : « Bas les pattes devant l’Iran ! Non à toute guerre contre l’Iran ! » En France, aux États-Unis, réquisition des milliards du budget militaire pour ouvrir des écoles, construire des hôpitaux, donner un vrai travail et un vrai salaire à la jeunesse.

C’est cela, pour nous, combattre pour l’Internationale ouvrière. Et je dirai, en conclusion, que l’Internationale ouvrière, c’est ce que nous opposons à cette Union européenne des banquiers, des patrons, des commissaires européens avec leurs plans d’austérité.

Oui, le 11 mai dernier, nous étions 600 à Strasbourg, et si j’ose dire, à Strasbourg nous étions chez nous aux côtés de nos camarades militants de Turquie qui combattent contre le régime Erdogan. Nous étions chez nous aux côtés des militants grecs qui combattent l’austérité de M. Tsipras. Nous étions chez nous aux côtés des militants de Hongrie, où les ouvriers ont arraché par la grève 18 % d’augmentation de salaire dans les usines des multinationales. Chez nous aux côtés des militants britanniques qui exigent que le vote du peuple britannique de juin 2016 pour sortir de l’UE soit respecté. Chez nous aux côtés des militants allemands, et nous sommes chez nous dans ce comité de liaison européen que nous avons constitué à Strasbourg, contre les privatisations, contre la déréglementation, contre la précarité. Alors oui, comme le dit la célèbre chanson, nous en sommes convaincus : « Demain, l’Internationale sera le genre humain », et ce parti ouvrier et l’Internationale ouvrière, c’est maintenant, et tous ensemble, qu’on va les construire.

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