URGENT

FRANCE Meeting international contre la guerre Ni Poutine, ni Biden, ni Macron !

Le samedi 22 octobre à Paris, le Parti ouvrier indépendant démocratique a organisé un grand meeting international contre la guerre. Son journal La tribune des travailleurs en rend compte.

Il n’est pas encore 14 h 30, à l’entrée de l’Espace Charenton dans le 12e arrondissement de Paris, que déjà des centaines de travailleuses, travailleurs, militants et jeunes se pressent pour entrer dans la salle. Beaucoup sont venus en groupe, en train et en bus depuis la province ou la banlieue parisienne. Ils seront finalement 1 800 à prendre place dans la salle où se déroule le meeting international contre la guerre et l’exploitation, convoqué il y a quelques mois par le Parti ouvrier indépendant démocratique.

De nombreux jeunes, dont c’est parfois le premier meeting, y participent. Un meeting, rappellera Daniel Gluckstein en conclusion, intégralement autofinancé par le soutien – euro par euro – que lui ont apporté les travailleurs, tout comme le sera la conférence mondiale contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière et la rencontre internationale de femmes travailleuses des 29 et 30 octobre.

Une garderie avait été organisée sous la responsabilité de militants animateurs, pour permettre, comme à chaque meeting du POID, aux mères de familles de pouvoir assister à cet événement. C’est dans une salle pavoisée de drapeaux rouges que Daniel Gluckstein, secrétaire national du POID et coordinateur du Comité ouvrier international contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière (COI), ouvre le meeting.

 

Grande-Bretagne 
« Ni Poutine, ni Biden, ni le prochain Premier ministre »
(Ian Hodson)

Il donne la parole à Ian Hodson, président du syndicat des travailleurs de l’alimentation, Bakers, Food and Allied Workers Union (BFAWU) de Grande-Bretagne, premier orateur. Quelques heures après la démission de la Première ministre Liz Truss, il souligne : « Je veux dire clairement ici à cette tribune que je n’apporte mon soutien ni à Biden, ni à Poutine, ni au prochain Premier ministre qui va être élu dans mon pays. Il ne fait aucun doute que la première des tâches dont va s’occuper le Premier ministre qui va bientôt être élu en Grande-Bretagne sera de renforcer la participation britannique à la guerre, d’armer toujours plus l’Ukraine afin de dévoyer le mouvement qui est en train de grandir dans mon pays pour une élection générale immédiate. La Russie doit évidemment quitter l’Ukraine, mais l’OTAN doit quitter le front de la guerre (…). Il m’est donné l’opportunité aujourd’hui d’exprimer la voix de ceux auxquels on ne donne pas la parole et de ceux-là même qui s’opposent à la guerre et qui constituent la majorité. »

 

 Afghanistan 
« Le peuple ne doit pas se fier aux belles promesses des impérialistes »
(Freshta Amiri)

Il est suivi par Freshta Amiri, militante de la Gauche radicale d’Afghanistan (LRA) qui, en langue pachtoune, rappelle que « l’expérience de l’Afghanistan a prouvé que le peuple ne doit pas se fier aux belles promesses des impérialistes. À la place de la démocratie et des droits des femmes, les États-Unis et l’OTAN ont remis au pouvoir le groupe islamiste le plus misogyne et le plus opposé aux libertés démocratiques, les talibans. Partout où l’Amérique et l’OTAN sont intervenues militairement, elles ont laissé derrière elles le sang de millions de femmes et d’hommes et la destruction. Le lourd prix de la guerre, partout, de l’Afghanistan à l’Irak, de la Syrie au Yémen, et maintenant en Ukraine, a toujours été payé par les travailleurs.

Bien que le régime taliban ait fermé les portes de toutes les écoles aux filles, qu’il entrave le droit au travail des femmes, qu’il réprime les protestations des femmes, qu’il emprisonne, torture et tue les militantes, le gouvernement américain a continué à soutenir le régime des talibans. (…) La Gauche radicale d’Afghanistan est un partenaire actif du Mouvement spontané des femmes afghanes qui organise activement les manifestations contre les talibans, non seulement dans les rues de Kaboul mais aussi dans toutes les grandes villes du pays. (…) Il est du devoir des travailleurs, des femmes, des jeunes et de tous les partisans de la paix de se dresser contre les fauteurs de guerre américains, européens et russes et de lutter pour empêcher la mise en œuvre de leur politique de pillage et de destruction. Non à la guerre ! Vive la solidarité des travailleurs, des femmes et des jeunes du monde entier pour la paix et l’égalité ! »

 

 États-Unis 
« Out now ! Dehors les troupes américaines ! »
(Alan Benjamin)

L’orateur suivant, Alan Benjamin, responsable de l’organisation Socialist Organizer des États-Unis, ne manque pas de saluer « la lutte courageuse de nos camarades d’Afghanistan » rappelant que « les syndicalistes et les militants anti-guerre à travers les États-Unis non seulement n’ont pas soutenu la guerre américaine en Afghanistan, mais l’ont condamnée. » Il ajoute « qu’un courant petit mais croissant du mouvement ouvrier américain commence à s’exprimer également contre la guerre en Ukraine. Les militants anti-guerre sont descendus dans la rue en septembre pour exiger “Troupes russes hors d’Ukraine, arrêtez la guerre en Ukraine provoquée par les États-Unis et l’OTAN”. Et ils ont exigé : “De l’argent pour les emplois, l’éducation et les soins de santé, pas pour la guerre !”, faisant ainsi le lien entre la guerre à l’intérieur et la guerre à l’extérieur. »

Et cela au moment où les États-Unis connaissent une vague de grèves et de luttes de classe, dont le dernier élément en date, explique Alan Benjamin, est que « l’un des plus grands syndicats de cheminots a rejeté l’accord négocié entre Joe Biden et les responsables syndicaux – un accord visant à éviter une grève de 120 000 cheminots qui aurait paralysé au moins un tiers du commerce américain. La base s’oppose à l’accord et se prononce pour la grève, en brandissant des pancartes sur lesquelles on peut lire : “Arrêtez la guerre contre les cheminots !” Les financiers de Wall Street sont de plus en plus inquiets. Ils ont demandé à Biden d’intervenir, si nécessaire, pour interdire une grève nationale. (…) Mais toutes ces mobilisations sont confrontées à un obstacle majeur, à savoir la subordination des syndicats au Parti démocrate, le parti de la guerre qui a vu toutes ses composantes sans exception voter en faveur de chaque augmentation du financement de la guerre en Ukraine. Quand je dis “toutes ses composantes”, cela inclut l’aile dite “progressiste” de Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez. » Et il conclut en se référant à « la grande tradition du mouvement anti-guerre des États-Unis au Vietnam, une tradition maintenue par US Labor Against the War en ce qui concerne l’Irak et l’Afghanistan, nous disons : Out now ! (Dehors les troupes américaines !). »

 Burkina Faso 
« Troupes étrangères et onusiennes, hors d’Afrique ! »
(Adama Coulibaly)

C’est au tour d’Adama Coulibaly, responsable de l’Alternative patriotique panafricaine Burkindi, du Burkina Faso, de « parler de l’Afrique, ce continent pétri de valeurs d’humanité, de paix et de concorde. (…) Cette Afrique à la fois convoitée et martyrisée, agressée depuis plus de 400 ans par des guerres d’occupation incessantes aux multiples visages avec l’objectif d’exploiter ses forces vives et de piller ses ressources ». Adama Coulibaly dénonce ce processus d’ingérence permanente : « La normalisation des interventions militaires en Afrique s’est faite d’abord à travers les accords de coopération léonins entre la France et ses anciennes colonies. Elle s’est ensuite poursuivie à travers les missions militaires des Nations unies dirigées par l’OTAN. Six opérations de maintien de la paix de l’ONU sont aujourd’hui présentes sur le continent avec un approfondissement de la crise de la guerre partout. Le terrorisme, ensuite, a été instauré pour maintenir l’état de guerre permanente, amplifié à la suite de la destruction de la Libye par l’OTAN, avec la France naturellement en tête de pont. Le Sahel, aujourd’hui, est le principal terrain privilégié d’expérimentation de cette guerre asymétrique. La France totalise plusieurs bases militaires en Afrique avec entre 12 000 et 15 000 soldats. Les États-Unis sont également présents sous le commandement d’Africom, la Chine à Djibouti, la Russie en Centrafrique et au Mali (…) Il y a une exigence forte aujourd’hui en Afrique : c’est de dire “Troupes étrangères et onusiennes, hors d’Afrique !”. Contre la guerre, pour la paix, les travailleurs et les peuples d’Afrique et du monde vaincront ! » Et la salle de reprendre à l’unisson le cri de lutte lancé par l’orateur burkinabé : « Nan lara, ansara ! », dont l’orateur rappelle le sens : « Seule la lutte libère, si nous nous couchons, nous sommes morts ! »

 France 
« C’est ce parti que nous vous proposons de rejoindre »
(Christel Keiser)

Christel Keiser, secrétaire nationale du POID, responsable de sa commission femmes travailleuses, commence son intervention en saluant le combat des femmes iraniennes « contre le régime qui maintient et aggrave toutes les formes d’oppression, en particulier patriarcales » et rappelle la tenue de « la conférence internationale des femmes travailleuses, qui aura lieu samedi 29 octobre et qui rassemblera des travailleuses et des militantes de vingt et un pays, à la veille de la conférence mondiale contre la guerre et l’exploitation ». « Guerre et exploitation sont le concentré de la politique du gouvernement Macron-Borne en France. Ce gouvernement a, mercredi dernier, fait adopter son budget », un budget qu’elle déclare être de « guerre à l’extérieur et de guerre à l’intérieur contre les travailleurs. Pour le faire adopter, le gouvernement a dégainé une autre arme de guerre : l’article 49-3 de la Constitution. (…) Finalement, à quoi sert l’Assemblée nationale dans la VRépublique ? D’une part, à organiser des simulacres de débats dont on connaît le résultat par avance et, d’autre part, à valider des lois qui ont pour but de mettre en œuvre la politique décidée par le président. Et cela, quel que soit le vote des députés de l’opposition. Parce que, parfois, ils votent contre. Ce qu’ils auraient sans doute fait si on leur avait donné la possibilité de voter. Mais parfois, ils votent pour. Et même, quelquefois, à l’unanimité ! On se souvient du vote du 19 mars 2020, en pleine pandémie, qui a accordé 343 milliards d’euros aux capitalistes, dont 300 milliards de prêts garantis par l’État qui ont été utilisés, notamment par les patrons de Renault et d’Air France, pour organiser des plans de licenciements massifs. 343 milliards votés à l’unanimité à l’Assemblée nationale, y compris par les députés du PS, du PCF et de LFI ! »

Christel Keiser poursuit : « Parfois, on nous demande pourquoi nous ne sommes pas dans La France insoumise. Il est certain que si on considère les militants et les électeurs de LFI, nous avons souvent les mêmes préoccupations, les mêmes revendications et les mêmes objectifs. C’est vrai aussi parfois, en partie, concernant les mots d’ordre généraux et les campagnes de LFI. Mais nous ne sommes pas dans La France insoumise parce que nous considérons qu’on ne peut prétendre défendre les intérêts des travailleurs et, dans le même temps, les dépouiller de ces centaines de milliards qui font cruellement défaut aux hôpitaux, aux écoles, aux services publics.

Tout comme on ne peut prétendre défendre les intérêts des travailleurs et voter au Parlement européen, à trois reprises, des résolutions de soutien à l’OTAN. (…) Le combat pour la démocratie, c’est celui pour un gouvernement sans Macron ni patrons. Un gouvernement qui confisquerait les 629 milliards d’euros, milliards offerts aux capitalistes, pour les affecter aux besoins de l’immense majorité. L’embauche de 200 000 personnels hospitaliers et de 200 000 enseignants, c’est 20 milliards d’euros par an, sur deux ans et demi, c’est 50 milliards (largement moins qu’un dixième des 629 milliards !). Un gouvernement qui nationaliserait Total sans indemnités ni rachat et confisquerait ses milliards de profits. Un gouvernement qui permettrait que le fruit du travail revienne en totalité aux travailleurs qui le produisent. Un gouvernement qui abrogerait toutes les contre-réformes (celles du bac et du lycée, celle de l’assurance chômage, celle des retraites…). Un gouvernement au seul service des travailleuses, des travailleurs et de leurs familles. »

« C’est le combat que mène le POID », « c’est ce parti que nous vous proposons de rejoindre. »

Russie
« Il est nécessaire d’arrêter la guerre maintenant ! »
(Un militant de Russie)

Puis Dominique Ferré présente Sergueï et Evgueni*, deux militants, mandatés pour intervenir dans ce meeting international par l’Union des marxistes de Russie, et Youri*, militant ouvrier de Biélorussie.

Sergueï, de l’Union des marxistes, rappelle que, « le 21 septembre, le gouvernement de Poutine a déclaré la mobilisation de 300 000 réservistes. Pour la plupart des citoyens, la mobilisation n’est plus un sujet à la télévision, mais une réalité, car les morts sur le front commencent à revenir dans des cercueils. Il y a une montée d’un mécontentement sourd dans toutes les régions et une résistance active dans les Républiques nationales du Caucase. » Il rappelle également le combat mené par son organisation pour « soutenir les prisonniers politiques, parce que nous faisons face à une avalanche de répression qui a déjà frappé nos camarades syndicalistes : Artiom Borodine, Kirill Oukraïntsev, Anton Orlov et bien d’autres ».

Son camarade Evgueni conclut : « Camarades et travailleurs de France et du monde : nous avons plus que jamais besoin de votre soutien ! Les gouvernements occidentaux accélèrent la production d’armes et leur livraison en Ukraine. Cela donne à Zelensky une excuse pour continuer la guerre et jouer le rôle de héros au détriment de la vie des gens ordinaires des deux côtés du front. En agissant ainsi, Biden et compagnie ne font que jeter de l’huile sur le feu. (…) Que ce conflit serve de leçon pour en tirer les bonnes conclusions : ce sont les exploiteurs et les politiciens à leur service qui ont poussé à la guerre et nous ont ensuite ramenés à la dure réalité : les inégalités sociales et la destruction des droits. Mais seuls les vivants peuvent tirer les leçons de la guerre. Il est donc nécessaire de contraindre les élites à s’asseoir à la table des négociations, maintenant, pour arrêter la guerre maintenant ! »

* Les prénoms ont été changés.

 Biélorussie 
« Les peuples d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie ne veulent pas la guerre. »
(Un militant de Biélorussie)

Dans la continuité de ce discours, Youri, militant de Biélorussie, ajoute : « Il s’agit du plus important conflit militaire en Europe, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui peut, malheureusement, se transformer en troisième guerre mondiale. L’origine de cette guerre atroce, nous la connaissons tous, c’est le capitalisme qui tente de surmonter ses contradictions par la guerre. Ironie de l’histoire, cette guerre a lieu presque cent ans après que fut constituée l’Union soviétique, quand les Républiques soviétiques de Russie, de Biélorussie, d’Ukraine et de Transcaucasie se sont fédérées librement, sur la base du socialisme, à égalité de droits entre toutes ces Républiques.

Aujourd’hui, les héritiers de la bureaucratie essaient de surmonter les contradictions de la société qu’ils ont eux-mêmes créées par le nationalisme et la guerre. Il s’agit du dix-huitième conflit armé dans l’ex-URSS depuis 1991. N’oublions pas qu’aujourd’hui six anciennes Républiques de l’URSS s’affrontent militairement : outre la Russie et l’Ukraine, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Kirghizistan et le Tadjikistan.

Chaque balle tirée dans ces conflits est un coup contre ce qui reste des conquêtes de la révolution d’Octobre, en particulier, le droit à l’autodétermination des peuples et à leur souveraineté. (…) Dans cette salle et à cette tribune, il y a des camarades originaires d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie. En leur nom, je veux dire ici : nos peuples ne veulent pas la guerre, ils ont besoin de la paix et du socialisme. Les travailleurs et les peuples du monde veulent la liberté et la paix, en Europe, en Afghanistan, en Irak, dans le monde entier. Seule la lutte des travailleurs, seule la solidarité internationale permettront de conquérir la paix. Vive l’Internationale ! »

 Allemagne 
« L’ennemi principal est dans notre propre pays »
(Claudius Naumann)

Rappelant le serment du peuple allemand de 1945 : « Plus jamais la guerre ne doit partir du sol allemand », Claudius Naumann, militant internationaliste et président du conseil des délégués du personnel de l’Université libre de Berlin, condamne la politique militariste du chancelier social-démocrate Scholz. Ses collègues de travail et ses camarades de syndicat, explique-t-il, font partie des « milliers de syndicalistes et de jeunes qui manifestent en Allemagne contre la politique du gouvernement Scholz, pour la défense de leurs droits et de leurs acquis. Ils ne sont pas prêts à payer la facture de la crise capitaliste, de la guerre et du paquet d’armement de 100 milliards versés par Scholz à l’armée allemande, ni de grelotter à cause des sanctions impérialistes, parce qu’ils ne pourront plus payer les factures de chauffage. » Mais, ajoute-t-il, « nous avons un problème. Avec nos revendications, nous avons l’appareil syndical contre nous. Pour lui, comme pour les partis SPD et Die Linke, “solidarité” signifie : union sacrée avec les bellicistes du gouvernement et de l’OTAN. Notre solidarité est autre, c’est la solidarité de notre classe, la classe ouvrière. Pour l’organiser, nous avons besoin de syndicats indépendants et d’un parti qui s’engage à défendre les intérêts de la classe ouvrière. C’est pour cela que se bat, en Allemagne, le Comité pour un parti ouvrier. Par deux fois au XXe siècle, les pays impérialistes ont poussé les peuples dans des guerres mondiales. Ils ont d’innombrables guerres et des millions de morts sur la conscience, ils ont fait tirer des ouvriers sur des ouvriers. La bonne réponse à cela a été donnée par Karl Liebknecht qui, face à l’incitation à la guerre dans l’Allemagne impérialiste, a constaté : “L’ennemi principal est dans notre propre pays !” Cette attitude courageuse est depuis lors un modèle pour tous ceux qui défendent l’indépendance du mouvement ouvrier. »

 France 
« Dans notre révolte, nous nous mobilisons et nous organisons »
(Orianne)

S’adressant en particulier aux nombreux jeunes présents dans la salle, Orianne, au nom de la Fédération des jeunes révolutionnaires (FJR), interpelle l’assistance : « Comment cela se fait-il que, même en vivant dans la sixième puissance mondiale, se nourrir soit une bagarre quotidienne ? Que nous soyons confrontés à des emplois de plus en plus précaires, comme c’est le cas des livreurs Uber Eats ou des jeunes sous-payés et exploités en service civique ?

« Pour les étudiants, de moins en moins d’argent alloué aux Crous et aux universités, alors qu’il y en a de plus en plus pour l’armement. Des restos-U ferment, les résidences universitaires ne sont plus entretenues, et des milliers d’étudiants se retrouvent sans fac ou sans master car il n’y a plus assez de places dans les universités. L’ensemble des diplômes et des qualifications, qui peuvent nous permettre d’obtenir un travail correct, perdent ainsi totalement de leur valeur, comme c’est le cas du bac qui est désormais en contrôle continu et ne repose plus sur une épreuve nationale et égalitaire.

« Dans les lycées : plus d’aide aux devoirs, professeurs absents non remplacés, quand on a un baccalauréat à obtenir ! Et dans les lycées professionnels, c’est suppression d’heures de cours et entrée des entreprises au sein des instances du lycée. Et quand les élèves se mobilisent pour revendiquer leur droit à ce que toutes les conditions soient réunies pour avoir le diplôme, le gouvernement leur répond par des coups de matraque. » 

« Faisant état de batailles auxquelles les militants de la FJR prennent part, elle conclut : « Nous militons pour l’organisation collective de la jeunesse et contre ce système périmé et barbare, au plus près des revendications. Dans notre révolte, nous nous mobilisons et nous organisons. (…) Rejoignez la FJR ! ».

 Sri Lanka 
« Les masses laborieuses et opprimées sont confrontées à d’énormes souffrances »
(Wasantha Samarasinghe)

Olivier Doriane présente ensuite le message vidéo transmis par des militants ouvriers du Sri Lanka, pays où les masses ont chassé, le 9 juillet dernier, le président corrompu qui se subordonnait aux plans du Fonds monétaire international (FMI).

Et c’est une salle attentive qui écoute Wasantha Samarasinghe, au nom du Centre de coordination syndicale (TUCC), exprimer « nos salutations révolutionnaires à tous les dirigeants syndicaux et à tous les mouvements progressistes réunis aujourd’hui contre la guerre impérialiste. Votre événement a lieu à un moment où notre pays traverse une crise grave, et où le peuple, les masses laborieuses et opprimées, sont confrontés à d’énormes souffrances. Nous n’avons pas de carburant. Nous sommes confrontés à des pénuries d’engrais et de nourriture. Les travailleurs perdent leur emploi. (…) 

« Le mouvement syndical, en particulier le Centre de coordination syndicale, organise une nouvelle vague de lutte pour en finir avec ces partis bourgeois et capitalistes qui pillent l’argent du peuple. Le 27 octobre, le TUCC, en lien avec les mouvements populaires, organise une campagne de protestation massive à Colombo contre la répression, pour la libération des manifestants et l’arrêt de la privatisation de la propriété publique. Nous avons besoin de votre soutien. (…) Nous croyons tous en l’humanité, en l’internationalisme, en l’unité et l’organisation des travailleurs du monde entier. Nous croyons que le monde entier doit s’unir contre cette guerre capitaliste-impérialiste. »

 Palestine 
« Un seul État démocratique et laïque en Palestine est la clé de la paix »
(Ola Al-Khuffach)

Ensuite, c’est Ola Al-Khuffach, au nom de l’association Secular Palestine – qui combat pour une Palestine laïque et démocratique sur tout le territoire historique de la Palestine –, qui rappelle : « En Palestine, nous avons connu les horreurs de la guerre coloniale depuis près d’un siècle, nous avons été témoins des politiques de nettoyage ethnique et de l’expulsion massive de la population civile de leurs maisons, qui en a fait des réfugiés. »

Rappelant la différence de traitement entre l’occupation russe en Ukraine et l’occupation en Palestine, elle exprime son « rejet des doubles standards appliqués par les politiciens de l’Union européenne et des États-Unis envers les peuples ». Elle conclut : « Notre lutte pour soutenir les peuples opprimés et les classes ouvrières exploitées par les forces capitalistes est la garantie pour répandre la paix et la sécurité et pour la coexistence pacifique. La paix en Ukraine et la paix en Palestine sont indissociables. Construire des relations fraternelles et solidaires entre les peuples russe et ukrainien est la clé de la paix. C’est le retour des réfugiés palestiniens dans leur pays et la construction d’un seul État démocratique et laïque en Palestine pour tous ses citoyens qui est la clé de la paix. »

 Chine 
« Exprimer notre opposition à toute guerre impérialiste »
(Des militants chinois)

« Ce message a été préparé par des réunions de groupes d’ouvriers et d’intellectuels, qui s’adressent à vous, écoutez-les », précise le camarade Alain Denizo, qui invite l’assistance à accorder la plus grande attention au message de militants de Chine, contraints, disent-ils, « de garder l’anonymat pour des raisons de sécurité » et « reconnaissants de nous donner cette opportunité d’exprimer notre solidarité et notre opposition à la guerre avec des travailleurs et des militants du monde entier ». 

En Chine, expliquent ces militants, « le bloc dirigeant du Parti communiste, sous l’égide de Xi Jinping, tente d’utiliser la “question de Taïwan” comme excuse pour attiser un sentiment nationaliste étroit parmi le peuple chinois ainsi que la haine envers les habitants de Taïwan.

« Dans le même temps, les classes dirigeantes des États-Unis et d’autres pays occidentaux profitent également de la situation pour susciter une puissante hostilité à l’égard de la Chine et pour transformer le mécontentement des gens ordinaires à l’égard des dirigeants du Parti communiste en haine envers le peuple chinois.

« Par conséquent, il existe un risque réel qu’une guerre ou une guerre par procuration entre la Chine et les pays occidentaux éclate autour de la “question de Taïwan”. C’est pourquoi, en ce moment, il est crucial d’exprimer notre opposition à toute guerre impérialiste ». À quoi ces militants opposent une autre perspective : « Aider les classes ouvrières de tous les pays à s’unir en solidarité pour combattre les classes dirigeantes de tous les pays, ainsi que le système capitaliste et impérialiste qui nous opprime tous », reprenant à leur compte le vieux mot d’ordre du mouvement ouvrier international : « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ! »


« Notre ambition, ce n’est pas la lutte pour la lutte, mais la lutte pour gagner »
La conclusion de Daniel Gluckstein (extraits)

« Camarades,

La guerre n’est pas une menace, mais une réalité. La guerre a déjà fait 100 000 à 150 000 morts à moins de trois heures d’avion de Paris et continue ses ravages sans que personne puisse dire si elle débouchera ou pas sur une troisième guerre mondiale. L’engagement de la France est chaque jour grandissant. Ce matin, le journal L’Express rapporte que le général David Petraeus, ex-chef de la CIA et haut dignitaire de l’armée américaine, a déclaré : « Une force dirigée par les États-Unis pourrait prochainement intervenir directement en Ukraine. » Une force dirigée par les États-Unis comprendrait nécessairement les forces armées de ses alliés, dont le gouvernement français. Il y a déjà près de 2 000 soldats français aux frontières de la Russie et de l’Ukraine, et plus de 100 000 soldats américains sur le sol européen. Alors, oui, tout peut basculer et très vite à tout instant. (…)

Notre devoir, à nous, est de dire : « Pas en notre nom ! »

Notre devoir, à nous, est de dire : « Pas en notre nom ! » Ce n’est pas en notre nom que les troupes françaises, que les troupes de l’OTAN pourraient intervenir ! Un parti ouvrier se doit de tenir un langage clair. Dès le début, nous avons dit : « Ni Poutine, ni Macron, ni Biden ! » ; « Troupes russes, hors d’Ukraine ! », mais aussi « troupes de l’OTAN, hors de l’est de l’Europe ! », et nous avons ajouté : « Troupes françaises, hors d’Afrique ! », parce que l’impérialisme français joue un rôle essentiel dans le maintien de la domination impérialiste et néocoloniale en Afrique. Personne ne peut prétendre être internationaliste s’il combat pour le retrait des troupes des autres pays, mais oublie la responsabilité de son propre gouvernement dans l’oppression des peuples.

Camarades, un parti ouvrier ne peut faire sur toutes ces questions aucune concession. Un camarade a rappelé cette phrase magnifique du militant ouvrier allemand internationaliste Karl Liebnecht : « L’ennemi est dans notre propre pays. » Et dans notre pays, l’ennemi ne s’appelle ni Poutine ni Zelensky, c’est Macron et son gouvernement. Une camarade avant moi a souligné les votes lamentables de ces députés qui se prétendent de « gauche » et qui, à trois reprises au Parlement européen, ont voté des motions qui réclament plus d’argent pour la guerre, plus de sanctions contre le peuple russe, et des liens plus étroits entre l’Union européenne et l’OTAN. (…)

Cette guerre ne vise pas à défendre la démocratie

Cette guerre ne vise pas à défendre la démocratie, ni à défendre les droits du peuple ukrainien, ni de quelque peuple que ce soit. Biden lui-même a dit le pourquoi de cette guerre, le 12 octobre, dans son « Document définissant la stratégie de sécurité nationale des États-Unis ». Ce document affirme le besoin d’une direction des États-Unis, une OTAN plus forte et plus unie que jamais et l’objectif de « contraindre la Russie et de supplanter la Chine » (…). Ce n’est évidemment pas de démocratie et de droits des peuples qu’il s’agit, ce sont les intérêts sonnants et trébuchants des capitalistes des États-Unis.

Nous, travailleurs de France et du monde entier, rejetons et condamnons avec horreur l’intervention en Ukraine, les crimes de Poutine, mais ce n’est pas pour autant que les travailleurs de notre pays iront faire la guerre pour aider M. Biden à renforcer l’emprise des multinationales de Wall Street. Ni que les travailleurs de notre pays suivront M. Macron, qui lui-même suit M. Biden. Ni que nous suivrons ceux qui, à « gauche », n’ont pas le courage de dire : « Non à la guerre généralisée de l’OTAN contre les peuples. »

Sur une affiche de préparation de ce meeting, nous avons publié ce que disait Jean Jaurès : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. » Est-ce qu’il s’agit d’autre chose aujourd’hui ? Si nous, POID, avons pris l’initiative de ce meeting, c’est parce que nous estimons que notre responsabilité, c’est d’aider à unir les travailleurs dans un même combat contre les gouvernements fauteurs de guerre, un combat qui se mène à l’échelle internationale, mais aussi à l’échelle nationale. (…)

Nous ne sommes pas un parti « français »

Plus que jamais, nous avons le devoir de nous placer sous les plis du drapeau de l’Internationale ouvrière. Nous ne sommes pas un parti « français », mais la composante française d’une Internationale ouvrière en construction. C’est pourquoi se réunira la semaine prochaine une conférence mondiale contre la guerre, contre l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière, à laquelle participeront des délégués de trente-cinq pays, malgré tous les obstacles. Elle aura à son ordre du jour la nécessité de travailler à reconstruire le mouvement ouvrier sur un nouvel axe, celui de l’indépendance de classe.

Le POID se fixe aussi d’aider à unir les travailleurs dans ce pays. Dans ce pays, en principe la sixième puissance industrielle du monde, la faim progresse, la misère s’étend, la pauvreté s’étend à des couches nouvelles. (…) Ce pays connaît et va connaître de plus en plus des explosions sociales à répétition et dans tous les domaines. Ce gouvernement qui ose dénoncer les grévistes comme des « privilégiés » a comme seule préoccupation de protéger les privilèges honteux de patrons qui gagnent 6 millions d’euros par an. Et ils voudraient opposer les travailleurs les uns aux autres, diviser. (…) Nous l’avons écrit dans La Tribune des travailleurs : les revendications des travailleurs des raffineries sont les revendications de tous les travailleurs, parce que la question des salaires est posée partout. Et la confiscation des 170 milliards d’euros de dividendes des actionnaires en 2021 serait suffisante pour satisfaire ces revendications, partout.

Elles sont nombreuses, les tentatives de division

Camarades, elles sont nombreuses, les tentatives de division. On a vu encore, ces derniers jours, la manière honteuse, scandaleuse, répugnante dont un fait divers terrible a été utilisé pour essayer d’opposer une nouvelle fois travailleurs français et travailleurs immigrés, travailleurs avec ou sans papiers. Nous répétons notre position : celui qui est exploité dans ce pays appartient à la classe ouvrière de ce pays. Qu’il soit français ou immigré, qu’il ait des papiers ou pas.

Il y a une multitude de grèves dans ce pays, avec des revendications définies par les travailleurs eux-mêmes. Souvent sur les salaires, mais pas seulement. Dans ces grèves, les travailleurs sont unis, rassemblent leurs syndicats et leurs délégués, décident des formes d’action. En même temps, les travailleurs sont confrontés à une situation confuse, parce que nous avons une multitude de personnages qui, tous, se proclament les « chefs » de la classe ouvrière. Et qu’ils sont là pour dire ce qu’il faut faire. Ils ont dans leur besace une multitude de dates à proposer : on nous annonce le 27 octobre, le 10 novembre, le 17 novembre, le 19 novembre, le 20 novembre, et j’en oublie. (…) Comme s’il fallait contenir, canaliser, contrôler l’action des travailleurs, comme si c’était le plus important. Alors, au POID, au risque de décevoir, nous n’avons pas de consigne à donner, pas de dates à proposer et pas de chef à imposer.

Agir pour l’émancipation des travailleurs

Nous nous fixons d’agir pour l’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes. C’est tout à la fois un objectif et un moyen. L’objectif, parce que nous voulons en finir avec cette société dominée par une poignée de capitalistes et d’exploiteurs. Les travailleurs sont capables de décider par eux-mêmes. L’unité ne viendra pas « d’en haut ». L’unité viendra du mouvement d’en bas. Les travailleurs sont capables de définir des revendications, de tenir leurs assemblées générales, de rassembler leurs syndicats, de désigner leurs délégués. Il s’agit de le faire non seulement au niveau des entreprises et des grèves aujourd’hui mais, demain, à l’échelle locale, départementale, et pourquoi pas à l’échelle nationale, une assemblée nationale des travailleurs des villes et des campagnes, élus dans les villes, les villages, dans les quartiers, qui ne soit pas encadrée par tel ou tel « chef génial », mais qui procède du mouvement même de la classe ouvrière.

C’est une tradition dans ce pays, il y aura, à un moment ou à un autre, une grève générale. Mais y aura-t-il un comité central de grève représentant les délégués des travailleurs et leur rendant compte ? Notre ambition à nous, Parti ouvrier indépendant démocratique, n’est pas de diriger ce mouvement, ni de lui dicter ce qu’il a à faire, mais de l’aider à surgir, de lui proposer des moyens pour y parvenir, donc une perspective politique.

Notre ambition, ce n’est pas la lutte pour la lutte, mais la lutte pour gagner. Les travailleurs sont capables de lutter, ils l’ont montré. Combien de fois avons-nous manifesté par millions de travailleurs dans la rue ? Parfois, des reculs partiels ont été imposés. Mais au bout du compte, les gouvernements et la classe capitaliste, aidés par un certain nombre d’appareils, ont fini par reprendre la main. Nous voulons, nous, que le prochain mouvement débouche sur une solution durable. Pour le POID, la perspective doit être clairement établie. Il s’agit de chasser Macron, son gouvernement, la Ve République et sa Constitution au service des capitalistes. Cela sera un premier pas. Nous ajoutons que les travailleurs ont le droit de revendiquer un gouvernement à eux. Ils ont le droit d’imposer un gouvernement de la majorité, un gouvernement de ces millions de travailleurs qui n’ont que leur travail pour seule richesse. Un tel gouvernement sera capable de récupérer le fruit du labeur de toute la classe ouvrière au service de la société tout entière. Ce que je viens d’évoquer constituait naguère l’objectif de tout le mouvement ouvrier. Certains y ont de toute évidence renoncé. Mais en réalité, il n’y en a pas d’autre. Renoncer à l’expropriation du capitalisme serait rester prisonnier des chaînes de l’exploitation et de l’oppression.

La classe ouvrière se doit de revendiquer le pouvoir

Cet objectif, en revanche, est partagé par tous les camarades du POID, quelles que soient leurs origines : anciens du Parti socialiste dont ils étaient membres, du Parti communiste, camarades de tradition anarchiste, délégués syndicaux, camarades du courant trotskyste auquel j’appartiens, camarades sans étiquette particulière. Mais tous, nous partageons la nécessité, la conviction que la classe ouvrière se doit de revendiquer le pouvoir, de contrôler la manière dont les richesses sont produites, réparties, de contrôler le fait qu’elles soient mises au service de la majorité.

C’est à la volonté ouvrière de s’imposer à tous les chefs, à tous les chefs autoproclamés. C’est à la classe ouvrière d’apposer son sceau à la société, de prendre en main la direction des affaires. Si vous partagez cet objectif, alors ce parti est le vôtre. N’hésitez pas à le rejoindre.

J’ajouterai, à titre personnel, que le vieux militant trotskyste que je suis a ressenti avec émotion le fait que dans cette salle, en langue russe, soit lancé un appel au socialisme, que malgré toute la politique pourrie de ceux qui ont vendu l’URSS, de ceux qui l’ont pillée, de ceux qui sont la cause des guerres aujourd’hui, retentisse dans cette salle, dans la langue de Lénine et de Trotsky, un appel au combat pour le socialisme. »

En conclusion, avant que retentisse dans la salle L’Internationale chantée dans de nombreuses langues, Daniel Gluckstein a lu le message des secrétaires nationaux du POID à la tribune du meeting, chaleureusement applaudi par les participants (lire ci-dessous).

« Ayant participé au meeting contre la guerre et l’exploitation, ce 22 octobre 2022 à Paris, nous avons entendu les prises de parole des camarades de Grande-Bretagne, d’Afghanistan, des États-Unis, du Burkina Faso, de France, de Russie, de Biélorussie, d’Allemagne, du Sri Lanka, de Palestine, de Chine.

Nous avons entendu en particulier le camarade de Biélorussie déclarer : “Il y a dans cette salle des camarades d’Ukraine, de Biélorussie, de Russie. Je déclare en leur nom que nos peuples ne veulent pas la guerre. Nos peuples ont besoin de la paix et du socialisme.”

En France, et dans le monde entier, l’heure aussi est au combat pour la paix et le socialisme. Nous en serons ! »

La vidéo intégrale du meeting est publiée sur le site Internet de La Tribune des travailleurs : https://latribunedestravailleurs.fr/