MAROC La tragédie de Mlilya (Melilla)

Une véritable tragédie humaine a eu lieu le 24 juin, au nord du Maroc, après la tentative d’environ 2 000 migrants, venus de pays subsahariens, de pénétrer à Mlilya (en espagnol Melilla), enclave occupée par l’Espagne. Cette tentative a été réprimée d’une façon sanglante et meurtrière, coûtant la vie à au moins vingt-trois jeunes migrants et faisant des dizaines de blessés. Leur seul « crime » était de vouloir entrer en Europe en passant par cette ville occupée.
Cet événement tragique a coïncidé avec un autre événement de même nature. La mort d’au moins quarante-six migrants dans un camion, à San Antonio au Texas (États-Unis), après une journée de forte chaleur, à environ 240 kilomètres de la frontière avec le Mexique, causant la mort de ces jeunes qui espéraient rejoindre les États-Unis.
Chasse à l’homme
Alors que de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une enquête sur les décès des migrants, le gouvernement espagnol – gouvernement de « gauche » – a salué la « collaboration » de Rabat pour « la défense de (ses) frontières ». Les autorités marocaines, elles, font une véritable chasse à l’homme contre des dizaines de migrants. Trente-sept ont été inculpés pour « entrée illégale sur le sol marocain » et « violence contre les agents de la force publique » ou ïselon leur avocat, Khalid Ameza. Vingt-huit autres migrants seront jugés pour « participation à une bande criminelle en vue d’organiser et de faciliter l’immigration clandestine à l’étranger », selon l’avocat, qui rapporte que la majorité des accusés sont originaires du Darfour (ouest du Soudan), en proie à une grave crise alimentaire et où de récentes violences ont fait plus de 125 morts et provoqué le déplacement de 50 000 personnes. D’autres sont tchadiens et maliens, l’un d’eux est yéménite.
La mort de ces jeunes africains dévoile le caractère meurtrier de la coopération en matière de sécurité entre le Maroc et l’Espagne et dévoile la politique criminelle de l’Union européenne. « À Nador, nous avons été battus d’une manière inhumaine », a déclaré à l’AFP Omar, un migrant soudanais qui a fui « la guerre et la prison » dans son pays. « Nous ne nous sentons pas en sécurité ici, nos vies sont en danger. »
La responsabilité du mouvement ouvrier, au Maroc comme en Espagne
Le mouvement ouvrier – au Maroc, en Espagne comme à l’échelle internationale – devrait affirmer haut et fort que le seul responsable de ces tragédies à répétition, c’est l’impérialisme et ses plans meurtriers en Afrique, les plans du FMI qui ravagent les nations du continent, les plans d’ajustement structurel et la dette qui écrasent les travailleurs et les jeunes.
Ce sont ces plans criminels qui attisent les conflits armés et les guerres qui ravagent des dizaines de pays africains, provoquent la famine, poussant des populations entières à fuir. Ces dernières espèrent entrer en Europe pour survivre, tandis que l’Union européenne et les gouvernements européens poussent à faire du Maroc le chien de garde de la protection de ses frontières, imposant des accords commerciaux et économiques qui ne font qu’aggraver la situation des travailleurs et de la jeunesse au Maroc.
Les organisations qui parlent au nom des travailleurs et de la démocratie, au Maroc comme en Espagne, doivent condamner cette politique raciste et criminelle poursuivie par l’Union européenne et ses agents locaux. Elles doivent exiger la légalisation tous les réfugiés, la libre circulation des citoyens, le droit au refuge et condamner les interventions militaires et les plans économiques, la dette et les accords de libre-échange qui ravagent le continent africain.
Des militants marocains qui préparent la Conférence mondiale contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière
L’OTAN en Afrique du Nord pour « protéger l’Union européenne »
Le Premier ministre « socialiste » espagnol, Pedro Sanchez, a félicité la gendarmerie marocaine, indiquant « qu’il s’agissait d’une agression (des migrants – ndlr) contre nous, chose que les forces de l’ordre des deux pays ont parfaitement traitée ». Le gouverneur de Mlilya, Eduardo de Castro, demande que l’OTAN participe à la défense de Mlilya et de Sebta (Ceuta, l’autre enclave espagnole au nord-ouest du Maroc). Le secrétaire général de l’OTAN a déclaré qu’il est « convaincu que les alliés de l’OTAN appuieraient l’Espagne dans le cas où elle serait menacée ». Le gouvernement espagnol (composé du Parti socialiste, du Parti communiste et de Podemos) a d’ailleurs profité du sommet de l’OTAN, à Madrid, pour demander une participation avancée de l’alliance en Afrique du Nord !