Comité de suivi du Comité ouvrier international Amplifier la campagne internationale contre la guerre
Le comité de suivi du Comité ouvrier international contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière (COI) s’est réuni le 12 janvier. Y ont participé des militants d’Afrique du Sud/Azanie, d’Allemagne, du Bénin, du Burkina Faso, de Chine, de Corée, des États-Unis, de France, d’Haïti, d’Inde, du Mexique, du Pakistan, des Philippines, de Roumanie et de Russie.
En introduction, Daniel Gluckstein souligne : la conférence mondiale contre la guerre et l’exploitation (Paris, 29 et 30 octobre 2022)« a appelé au retrait des troupes russes, au retrait des troupes américaines et de l’OTAN, à l’arrêt des interventions impérialistes et néo-coloniales. Les travailleurs n’ont aucun intérêt commun avec les multinationales et les gouvernements fauteurs de guerre. Mais – notamment dans les principaux pays capitalistes – ils sont confrontés au refus des dirigeants des principales organisations ouvrières et partis de “gauche” de s’opposer à la guerre. Nous avons appelé à forger l’unité des travailleurs et des peuples du monde entier pour imposer la paix. » Il a rappelé le succès des journées internationales contre la guerre des 9, 10 et 11 décembre 2022 et conclut « Nous avons ainsi mis en œuvre les décisions de la conférence mondiale ».
Il en est de même pour la campagne du Comité international pour la défense des femmes afghanes. Christel Keiser (France) informe que des milliers d’adhésions ont été rassemblées dans le monde. Elle souligne la nécessité « de soutenir les manifestations du Mouvement spontané des femmes afghanes contre la décision des talibans de chasser les femmes des écoles, universités, milieux de travail, etc. » En France, des démarches ont été engagées en direction de la présidence de la République pour que l’asile soit accordé aux militantes menacées de mort.
« C’est le cas également au Mexique », indique Liliana Plumeda, « nous avons rassemblé une cinquantaine de signatures pour le Comité international de Défense des Femmes Afghanes. Nous allons tenir une réunion la semaine suivante pour coordonner les soutiens qui viennent de plusieurs endroits différents du Mexique afin d’écrire une lettre à la présidence et demander un rendez-vous à l’ambassade d’Afghanistan. Nous avons aussi commencé une campagne financière »
Au Pakistan, de nombreux militants, avocats, démocrates ont rejoint le Comité international, explique Rubina Jamil, alors que certains – tel l’ancien Premier ministre – n’hésitent pas à se solidariser avec le gouvernement taliban. Un gouvernement, rappelle Alan Benjamin (États-Unis), « dont nous devons rappeler qu’il a été rétabli au pouvoir par l’administration américaine en août 2021. C’est pourquoi notre gouvernement est responsable des crimes des talibans contre les femmes d’Afghanistan. »
Dans la discussion, Nnamdi Lumumba (États-Unis) explique « Aux ÉtatsUnis, du fait de la propagande, il est parfois difficile de faire le lien entre l’austérité et la guerre. Cependant, dans l’élection du gouverneur d’État au Maryland, il y a eu un résultat important : les trois partis politiques minoritaires ont eu des résultats bien plus hauts que d’habitude, ce qui indique que la population ne souhaite plus suivre les positions impérialistes des deux principaux partis, les démocrates et les républicains Mais la situation est encore floue, et il nous faut trouver un moyen de galvaniser cette suspicion de la classe ouvrière et sa fatigue face aux deux partis majoritaires. »
C’est d’autant plus nécessaire que dans chaque pays « la crise politique, économique et sociale s’aggrave », indique Nambiath Vasudevan (Inde). « Notre pays n’a pas surmonté la crise de la covid, et traverse une crise aussi bien politique qu’économique : alors qu’une partie de la population dépend de l’aide alimentaire, une petite section de la bourgeoisie engendre des profits importants. Aucun parti politique en Inde ne peut réellement faire face au parti au pouvoir majoritaire. En ce qui concerne la guerre en Ukraine, l’Inde occupe une position particulière puisqu’elle a une relation amicale avec la Russie mais s’oppose fermement à la Chine. »
Jung Sikhwa (Corée) souligne, lui, que « le gouvernement sud-coréen s’engage toujours plus dans la voie d’une confrontation militaire en même temps qu’il redouble ses coups contre les travailleurs et le mouvement syndical. Il y a une escalade mutuelle, et le risque de conflit autour de la zone tampon entre les deux parties de la Corée est de plus en plus probable dans un futur proche. C’est pour cela que tous les Coréens doivent lancer un mouvement de paix dans la péninsule, mais la population est très divisée. Une partie de la population soutient le régime actuel et refuse tout dialogue pacifiste avec la Corée du Nord. Nous nous rassemblons tous les samedis devant le bureau présidentiel pour demander notamment l’arrêt des exercices conjoints avec les États-Unis. »
A propos du déploiement militaire américain dans le monde, Alan Benjamin (États-Unis) dénonce : « Le 29 décembre a été adopté un budget militaire record de 858 milliards de dollars, auquel s’ajoutent 45 milliards pour l’effort de guerre de l’OTAN en Ukraine. Il y a une « union sacrée » pour la guerre, rassemblant les deux partis des patrons – démocrates et républicains – avec la direction de l’AFLCIO (la centrale syndicale) qui n’a pas un mot de critique contre la guerre. Mais dans le mouvement syndical, on entend de premières prises de position contre la guerre. Ces prises de positions ouvrières contre la guerre sont directement liées à la « guerre à l’intérieur » contre les travailleurs que mène l’administration Biden, en particulier la remise en cause du droit de grève des 120 000 cheminots qui se mobilisaient pour leurs revendications. »
Rubina Jamil (Pakistan) constate : « Dans mon pays, les principaux partis politiques se bagarrent entre eux et ils oublient les problèmes auxquels fait face la classe ouvrière. Nous avons constitué un comité avec des travailleurs de différents secteurs pour voir comment continuer à parler de la guerre en Ukraine et de ses conséquences avec la population et les politiques au Pakistan – nous allons d’une ville à une autre pour parler de ces problèmes avec la classe ouvrière. »
Klaus Schüller (Allemagne) partage le constat « que les directions des partis ouvriers et des syndicats se rangent derrière le gouvernement fauteur de guerre. Cela alors que la situation économique en Allemagne est une catastrophe : la situation du service de santé est très mauvaise, et l’âge de la retraite risque aussi d’augmenter. ».
La guerre menace partout : « Le gouvernement sud-africain, dit de “gauche”, ajoute Mandla Phangwa (Azanie), est engagé dans l’intervention impérialiste au Mozambique, qui chasse par dizaines de milliers les populations locales contraintes à l’exil. Notre campagne contre la guerre reçoit de bons retours. Nous tenons des réunions pour discuter de cette implication de notre gouvernement dans la guerre, que ce soit en livrant des armes à Israël ou en participant à la situation au Mozambique. Nos campagnes ne doivent pas se limiter à des militants socialistes mais inclure tout groupe qui souhaite participer. »
Ka Wai Chan (Hong Kong) s’inquiète : « Les menaces militaires en Chine augmentent avec Taïwan, personne ne sait comment réagir, à Hong Kong nous ne savons pas non plus. Le gouvernement chinois devient de plus en plus autocrate et on ne comprend pas ses décisions. S’il y a un conflit militaire, étant donné notre situation économique, la classe ouvrière va être très sérieusement affectée, en Chine et à Taïwan. »
C’est pourquoi, il est urgent, selon Randy Miranda (Philippines), « de poursuivre la mobilisation contre la guerre, comme nous l’avons fait en constituant la coalition “Stop the war”. Ici comme partout ailleurs, la guerre prend une place de plus en plus importante, l’inflation qui était à 6,5 % déjà l’année passée est désormais à 8 %. Nous essayons de former une coalition avec d’autres groupes d’Asie du SudEst, et nous avons déjà établi un lien avec deux d’entre eux qui ont signé notre pétition, le groupe Social Innovation Advisory Limited à Hong Kong et Justice for Sisters en Malaisie. »
Le Comité de suivi a ensuite :
- Pris des dispositions pour de nouvelles initiatives contre la guerre à l’échelle internationale au cours du mois de février,
- Appelé à amplifier la campagne pour la défense des femmes afghanes en particulier en faisant du 8 mars une journée internationale de mobilisation sous les formes les plus larges,
- Confié au POID de France la responsabilité de la coordination logistique du COI.