URGENT

RUSSIE « Les travailleurs ne veulent pas la guerre » – Alexeï*, militant syndical de la Plateforme de la solidarité

— Quel est ton point de vue sur la marche à la guerre ?

— C’est une confrontation entre deux blocs économiques et militaires. D’un côté, l’OTAN, de l’autre, la Chine et la Russie. L’Ukraine n’est qu’un des terrains de cette confrontation. La classe ouvrière ukrainienne souffre de son propre gouvernement et subit la pression de l’Est et de l’Ouest. Selon moi, les deux parties n’ont pas l’intention d’aller jusqu’à une guerre mondiale, mais n’importe quel dérapage ou provocation pourrait y conduire.

Dans les zones des prétendues « républiques populaires », la guerre ne s’est jamais vraiment arrêtée depuis 2014. Mais une guerre mondiale ne fait pas partie des plans impérialistes pour le moment. En Russie, la menace de guerre est un prétexte commode pour s’attaquer aux droits politiques : il est quasiment impossible d’organiser des manifestations légales, l’opposition et les médias ont été écrasés.

Même les formes les plus simples d’auto-organisation (syndicats ou initiatives environnementales) sont soumises à une forte pression de la part des services de sécurité. Chaque travailleur mécontent est suspecté d’être un « agent occidental ».

— En quoi la conférence mondiale contre la guerre et l’exploitation peut-elle être utile ?

— La seule position possible pour le mouvement ouvrier, c’est : contre la guerre.

En Russie, les travailleurs ne veulent pas la guerre et sont beaucoup plus critiques envers le gouvernement qu’ils ne l’étaient en 2014 lors de l’annexion de la Crimée. Le niveau de vie de la population a chuté, les prix augmentent, les promesses de Poutine d’une « vie heureuse bientôt » ont été remplacées par la rhétorique sur « le monde entier est contre nous, nous devons endurer et survivre ».

Le mouvement ouvrier a le devoir de dire « oui aux revendications des travailleurs, non aux guerres impérialistes ! ». C’est notre tâche, en tant que communistes, de mener une agitation et une propagande pour expliquer aux travailleurs que leurs intérêts sont différents de ceux qui utilisent la menace d’un conflit militaire.

Malheureusement, en Russie, les possibilités d’une activité politique publique se réduisent. Les organisations ouvrières et les communistes doivent apprendre à travailler dans ces nouvelles conditions.

Propos recueillis le 19 février

* Le prénom a été changé.