URGENT

Non à la guerre, non à l’exploitation ! – Daniel Gluckstein

À l’heure où ces lignes sont écrites, personne ne sait sur quoi va déboucher l’escalade guerrière à l’est de l’Europe. Tout est possible. Mais il y a un certain nombre de choses que l’on sait.

On sait que les peuples n’ont aucun intérêt à la confrontation. Le travailleur russe n’est pas l’ennemi du travailleur ukrainien, qui n’est pas l’ennemi du travailleur russe. Le travailleur français n’est l’ennemi ni du travailleur russe, ni du travailleur ukrainien, ni du travailleur des États-Unis.

On sait que tous les gouvernements poussent à l’escalade guerrière. Au point de départ, il y a eu la volonté de l’administration américaine de renforcer l’encerclement militaire de la Russie en poussant à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Une adhésion considérée par le gouvernement russe comme une menace, s’agissant du plus grand et du plus peuplé des pays d’Europe frontaliers de la Russie. Sur cette base, l’escalade s’est enclenchée, dans laquelle Poutine a franchi un nouveau cap avec l’entrée des troupes russes dans le Donbass.

On sait aussi qu’il n’est pas question ici du droit des peuples. L’impérialisme américain a montré ce que signifie pour lui les droits des peuples, en Afghanistan, en Irak, en Libye et partout où ses interventions ont dépecé les nations, disloqué des pays entiers, permis le massacre de populations civiles et poussé à l’exil des millions et des millions d’hommes, de femmes, d’enfants.

Le gouvernement russe n’a rien à lui envier et l’a prouvé à de nombreuses reprises. En particulier il y a un mois, lorsque les troupes russes sont intervenues au Kazakhstan pour écraser la révolte ouvrière. Remarquons que ni Biden, ni Macron, ni aucune des puissances capitalistes n’a protesté contre cet écrasement sanglant d’ouvriers soulevés contre les conséquences des privatisations. Il est vrai que pour faire passer les privatisations au Kazakhstan comme en Russie, en France ou aux États-Unis, Biden, Poutine, Macron sont prêts à faire cause commune.

Pour justifier l’intervention de ses troupes, Poutine dénonce l’existence de l’Ukraine comme une conséquence de la révolution de 1917. Elle devrait être rebaptisée « l’Ukraine Vladimir Ilitch Lénine », ironise-t-il. Hommage involontaire rendu par cet ancien nomenclaturiste – agent de la police politique du stalinisme reconverti aux joies de la privatisation mafieuse – à la révolution ouvrière en Russie. C’est bien elle, en effet, qui a libéré les nationalités opprimées de l’ancien empire tsariste et ouvert la voie à une Ukraine indépendante. Par ce rappel, Poutine dit aux puissances capitalistes occidentales : « Nous sommes dans le même camp, celui de l’oppression des peuples et des anti-communistes, ne vous trompez pas d’adversaire. »

On sait qu’il ne s’agit pas davantage de défense de la démocratie et des libertés car, de l’Arabie saoudite au Qatar, en passant par de nombreuses dictatures, on connaît les alliés des « démocraties occidentales ». Quant à Macron, qui vient récemment d’être chassé du Mali après des années d’intervention sanglante et coûteuse, on sait qu’il est capable, à la petite place que lui réserve encore l’impérialisme américain, de jouer son rôle dans le grand orchestre des interventions militaires contre les peuples, en Afrique, mais pas seulement.

Enfin, on sait que l’escalade guerrière à l’est de l’Europe est une aubaine. Une aubaine pour l’industrie d’armement qui connaît un essor considérable dans le monde, grâce à des budgets militaires en constante expansion, notamment aux États-Unis. Une aubaine pour les multinationales américaines du gaz et du pétrole, et leur production de gaz de schiste.

Pour toutes ces raisons, quiconque prétend se situer dans le camp de la paix et de la démocratie et défendre les intérêts des travailleurs et des peuples se doit de combattre résolument contre l’escalade en cours et ceux qui l’organisent.

En France, une nouvelle fois, une sorte d’union sacrée se constitue derrière Macron. Y prennent place, dans la dénonciation commune de Poutine, tous les partis institutionnels, de droite comme de gauche, le PS et les Verts, mais aussi Fabien Roussel, candidat du PCF, qui appuie la position de Macron au point de déclarer : « Je considère qu’il prend toutes les initiatives qu’il faut pour encourager le dialogue, avoir un dialogue franc, loyal et direct avec l’ensemble des intervenants. » Moins enthousiaste sur Macron, Jean-Luc Mélenchon rejoint le consensus général en accusant « la Russie [qui] en porte la responsabilité, il faut la condamner dans notre intérêt bien compris ».

Il faut condamner la seule Russie qui porte la responsabilité de la situation, dit Mélenchon… Il faut carrément soutenir Macron, dit Roussel… Macron justement vient d’exiger que des sanctions soient prises contre la Russie, suivant en cela, comme d’habitude, les exigences de ses maîtres de Washington. Des sanctions ? On sait ce que sont les sanctions et leurs conséquences terribles, on l’a vu à Cuba, en Iran, au Venezuela… Peut-on soutenir Macron qui exige des sanctions et prétendre défendre les intérêts des travailleurs et des peuples ?

En toutes circonstances, Macron agit au service des multinationales, plus particulièrement aujourd’hui celles de l’armement, du pétrole et du gaz. Comme il a servi les capitalistes depuis deux ans en leur offrant 600 milliards d’euros qu’ils utilisent pour licencier et spéculer. Et on retrouve en ce mois de février 2022 la même combinaison d’union sacrée qui, le 19 mars 2020, avait vu tous les partis à l’Assemblée nationale voter la première tranche de 343 milliards d’euros pour les capitalistes.

L’ennemi pour la classe ouvrière française, c’est d’abord son propre gouvernement, le gouvernement Macron en guerre à l’extérieur contre les travailleurs et les peuples du monde, en guerre sociale à l’intérieur contre les travailleurs et les jeunes.

La seule position conforme aux intérêts de la classe ouvrière et de l’internationalisme, c’est : pas un sou pour les fauteurs de guerre, pas un centime pour les aventures militaires à l’est de l’Europe, au Mali ou ailleurs ! Troupes françaises, hors du Mali, de Roumanie et de tous les théâtres d’opérations extérieures ! Dehors Macron et son gouvernement de guerre et d’exploitation ! Non à l’union sacrée !

Pour la libre et fraternelle coopération entre les travailleurs du monde entier, pour le retrait de la France de toutes les alliances militaires et diplomatiques contre les intérêts des peuples, pour un gouvernement au seul service du peuple travailleur et de la majorité : rejoignez le Parti ouvrier indépendant démocratique, membre du Comité ouvrier international contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière.

Daniel Gluckstein
Montreuil, le 22 février, 17 heures