URGENT

AFGHANISTAN Les États-Unis vantent le « professionnalisme » des talibans

Nous reproduisons un article publié dans La Tribune des travailleurs (France).

Deux mois après avoir retiré les troupes américaines et organisé le retour au pouvoir des talibans (1), l’administration Biden a envoyé ses représentants rencontrer les nouveaux maîtres de Kaboul les 9 et 10 octobre à Doha (Qatar).

Two months after withdrawing American troops and organising the return to power of the Taliban (1), the Biden administration sent its representatives to meet the new masters of Kabul on 9 and 10 October, in Doha (Qatar). 

Selon le Département d’État américain, les échanges ont été « francs et professionnels ». Déjà, le 9 septembre, le Conseil de sécurité nationale des États-Unis avait salué « le professionnalisme » des talibans dans l’évacuation de ressortissants américains. 

Bien entendu, le Département d’État a précisé qu’il avait mis à l’ordre du jour la question des « droits de l’homme, plus particulièrement participation des femmes et des filles à tous les niveaux de la société afghane ». Rappelons que le régime taliban vient de congédier toutes les salariées des institutions d’État, dont les enseignantes, invitées à « rester à la maison ». Une décision justifiée par la charia… et surtout bien utile au régime taliban, incapable de payer le salaire des fonctionnaires depuis deux mois. 

Car les représentants des États-Unis à Doha n’ont pas manqué de rappeler aux talibans que c’est l’Amérique, et elle seule, qui décidera quand sera rétabli le financement international accordé à l’Afghanistan, bloqué depuis deux mois. En faisant miroiter à ses interlocuteurs « une aide humanitaire importante de la part des Etats-Unis » l’administration Biden dit aux talibans : même sans occupation militaire, c’est toujours nous qui disposons de l’avenir de l’Afghanistan et de son peuple. 

Comme La Tribune des travailleurs n’a cessé de le rappeler, l’administration Biden, dans la continuité de Trump, obéit aux exigences des capitalistes de Wall Street qui, pour récupérer leurs marges de profit entamées par la crise, ont besoin de mettre la main sur le marché chinois. Et c’est pour redéployer la machine de guerre américaine vers la Chine que Biden a fait évacuer l’Afghanistan. 

Au-delà du baratin diplomatique sur les « droits de l’homme » (et des femmes), le « professionnalisme » des talibans vanté par Washington, c’est le professionnalisme des bourreaux. C’est leur capacité à faire régner la terreur contre le peuple afghan qui, comme tous les peuples du monde, aspire à vivre sans guerre ni exploitation. 

D’Afghanistan nous parviennent ces informations : « Sachez que le 18 septembre 2021 à Kaboul, les anciens bureaux de la rédaction du journal Eteraz (2) ont été perquisitionnés par les services de renseignement du régime taliban. Le vigile de l’immeuble a été interrogé sur l’équipe de rédaction. Heureusement, ils n’ont pu saisir que quelques exemplaires invendus du journal. Le 3 octobre, ils ont perquisitionné les domiciles de trois militants ouvriers dans les provinces de Kaboul, Laghman et Takhar. Ces camarades avaient heureusement quitté leur domicile et n’ont pu être arrêtés. Mais les services ont averti que s’ils ne se présentaient pas de leur plein gré devant les tribunaux, des mesures de rétorsion seraient prises contre leurs familles. Derrière les déclarations officielles du régime taliban sur “l’amnistie de tous les opposants”, ils chassent, arrêtent, torturent et parfois assassinent toute une série de groupes particulièrement ciblés. » 

C’est le devoir du mouvement ouvrier d’exiger de tous les gouvernements impérialistes l’accueil inconditionnel des militants menacés de mort par le régime taliban. 

Dominique Ferré 

(1) Conformément aux accords signés en février 2020 à Doha (Qatar) par l’administration Trump et mis en œuvre par Biden en août 2021. 

(2) Eteraz (La Protestation) est un journal mensuel progressiste, démocratique et laïque, qui parut à Kaboul de janvier 2020 à août 2021. La Tribune des travailleurs a régulièrement rendu compte de son combat.