URGENT

BURUNDI Une nouvelle phase de la guerre et arrestations en cascades

Éditorial de Tribune Libre des Travailleurs,
mensuel du Parti des travailleurs et de la démocratie-PTD
(numéro 120 du mois d’août 2020)

C’est au petit matin du 23 août 2020, qu’un groupe d’hommes armés, en prove­nance de la République Démocratique du Congo (RDC) se sont infiltrés dans les col­lines surplombant les petits ports de pêche du lac Tanganyika. Le gouverneur de Rumonge parle des « malfaiteurs venus de la RDC » qui ont tué 11 personnes qui transportaient les biens volés dans la commune de Bugarama.

Selon le journal Iwacu, tous les témoi­gnages recueillis dans les petits ports de pêche éparpillés tout au long des côtes du lac Tanganyika à partir de Gitaza en commune Muhuta, dans Rumonge, jusqu’à Kabonga, en commune Nyanza-Lac de la province Makamba, concordent : « Il y a eu plusieurs infiltrations en provenance de la RDC via le lac Tanganyika »

D’après d’autres sources, dans la nuit de dimanche 30 août, des bandes armées sont passées tout près du pont sur la rivière Dama à moins de 10 km de Rumon­ge : « Ces hommes sont allés vers Cunda dans Burambi, puis vers Buyengero. » Les mêmes sources parlent d’autres qui ont regagné la réserve naturelle de Kigwena de la commune Rumonge et ceux qui sont passés par Kabonga en commune Nyanza-Lac de la province Makamba au sud du Burundi. « C’est probablement pour rejoindre Rukam­basi, l’itinéraire emprunté jadis par les anciens rebelles des FDD ». De Gahuni, un groupe a pris la direction de la commune Burambi (Rumonge). Un autre serait entré dans la commune Mugamba via la rivière Murembwe pour passer quelques heures dans les collines Nyagasasa, Kivumu et Ruhinga. L’équipe de Mugamba aurait continué dans la soirée vers la commune Mukike via Ruhinga II, traversant la Mubarazi. Selon des témoi­gnages, ce sont eux qui sont arrivés à Ndayi, la colline de Mukike frontalière de Mugam­ba, à la tombée de la nuit de vendredi 28 août et qui ont tué deux hommes, blessé plusieurs autres ; on y enregistre également une per­sonne portée disparue.

Ainsi, il s’installe une panique au sein de la population. Cette peur de l’attaque des rebelles est couplée avec la peur d’arrestations par la police et le Service National de Renseignements (SNR). À Mukike (Bujumbura), Rumonge, Mugamba (Bururi), Rusaka (Mwaro), Bubanza, des arrestations se sont multipliées depuis la présence des groupes armés dans ces provinces. Nombre de personnes arrêtées sont accusées de collaborer avec ces groupes. Citons à titre d’exemple de 12 personnes arrêtées dans la loca­lité de Magara en commune de Bugarama, selon des sources locales. Ces personnes sont pour la plupart des veilleurs sur ce port de pêche. Elles sont accusées d’avoir été témoins de l’infiltration des « malfaiteurs » en provenance de la Répu­blique Démocratique du Congo, il y a deux semaines. Une autre a été arrêtée à Gisagazuba pour « complicité avec un groupe de malfaiteurs » selon un responsable administratif local. Un enseignant de l’école fondamentale de Muhuzu en zone de Minago, a été arrêté par le respon­sable du SNR en province de Rumonge pour le même motif. Ces arrestations s’intensifient aussi sur toute l’étendue du pays et font augmenter la peur au sein de la population.

Cette situation n’était pas imprévisible dans la mesure où les élections et tous les événements politiques dans ce pays se déroulent sur fond de privatisation-pillage et de remboursement de la dette externe, politique qui est imposée au pays par l’impérialisme, ses multinationales et ses institutions comme l’a souligné l’éditorial de la Tribune Libre des Travailleurs numéro 116 du mois d’avril 2020. Le PTD, comme les travailleurs, les paysans et les jeunes de ce pays, est opposé aux guerres qui s’inscrivent dans le cadre de ces plans de l’impérialisme et dont la population a toujours été victime. Il y a urgence de rompre avec l’impé­rialisme, avec ses plans dévastateurs, afin que les Burundais vivent dignement et dans la paix par la convocation de l’élection d’une Assemblée Constituante souveraine pour que le peuple travailleur soit maître des richesses de ce pays et de son propre destin.