INDE Après les pogromes anti‑musulmans N. Vasudevan en appelle à « la mobilisation du mouvement ouvrier » pour imposer « une enquête impartiale qui permettra de révéler la vérité »

Des femmes hindouistes manifestent « contre la haine et la violence » à l’encontre des musulmans.
C’est une tragédie qui s’est déroulée à New Delhi, capitale de l’Inde, du 24 au 26 février. Les agressions de bandes armées contre les citoyens musulmans ont provoqué 42 morts – musulmans et hindous – et blessé 200 femmes, hommes et enfants.
Cette tragédie a surgi après des mois de protestations massives du peuple indien contre la tentative du gouvernement de le diviser sur des bases religieuses et de discriminer une partie des citoyens. Elle a eu lieu, également, après que le parti du Premier ministre Narendra Modi, le BJP, a subi une cinglante défaite électorale à Delhi.
La tragédie a eu lieu dans les quartiers populaires. Des maisons et des magasins ont été incendiés. Des centaines d’habitants sont aujourd’hui sans abri et sans nourriture. Hindous et musulmans de la métropole ont fait preuve d’une grande empathie les uns envers les autres. Ce sont les dirigeants du BJP au pouvoir qui portent la responsabilité de cet embrasement. Ils veulent se venger contre tous ceux qui s’opposent à la nouvelle loi sur la citoyenneté indienne, et en particulier se venger des centaines de femmes qui ont organisé un sit-in pendant plus de soixantedix jours sur l’artère centrale de Shaheen Bagh, à Delhi.
Malgré la visite du président des États-Unis à Delhi le 24 février, le gouvernement n’a déployé ni sa police ni son armée pour sauver la vie et les biens des gens ordinaires. Ceux qui se sont livrés à la violence, aux meurtres et au pillage étaient des nervis, venus de l’extérieur des quartiers saccagés. Les autorités les ont laissés commettre impunément leurs crimes, afin de pousser au chaos, comme cela s’était déjà produit en 2002 dans l’État du Gujarat. À l’époque, l’actuel Premier ministre indien, Narendra Modi, était Premier ministre de l’État du Gujarat.
Les meurtres inter-communautaires de Delhi entachent la démocratie et la laïcité. Seule une enquête impartiale permettra de révéler la vérité sur les auteurs de ce crime odieux. Pour l’imposer, il faudra la mobilisation forte et unie de tous ceux qui ont montré leur volonté de défendre la démocratie et la laïcité, et en particulier celle du mouvement ouvrier et des organisations syndicales. »
Nambiath Vasudevan,
dirigeant syndical à Mumbai
et coordinateur du Comité ouvrier international contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière
« Ce combat concerne les travailleurs et les peuples du monde entier »
« Les manifestations massives contre les lois discriminatoires édictées par le gouvernement Modi ont bouleversé le paysage politique de l’Inde depuis décembre 2019. La vague de protestations a commencé chez les jeunes et les étudiants. Le 8 janvier 2020, les principales centrales syndicales, ainsi que des organisations syndicales indépendantes, ont appelé à une grève générale de vingt-quatre heures contre la politique anti-ouvrière du gouvernement Modi. Le 8 janvier a été l’occasion d’unir la lutte contre la politique antiouvrière du gouvernement et la lutte contre ses mesures antidémocratiques concentrées dans les mesures discriminatoires contre les citoyens musulmans de l’Inde. Dans la grève et dans la rue, l’unité a été réalisée entre ces différents aspects de la même lutte. Plus que tout autre secteur de la société, la classe ouvrière a besoin de démocratie, d’unité et de laïcité pour faire prévaloir ses revendications. Le mouvement ouvrier, les organisations syndicales devraient naturellement être à l’avant-garde d’une telle lutte.
Cette lutte concerne les travailleurs et les peuples du monde entier. C’est pourquoi le Comité ouvrier international contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière (COI) considère qu’il est de son devoir de diffuser largement toutes les informations sur cette lutte et d’exprimer sa solidarité avec ceux qui sont engagés dans cette lutte.
Nous sommes convaincus que la lutte des travailleurs et du peuple indiens, dans l’esprit de la conférence mondiale de Mumbai tenue en novembre 2016, sera au centre de la conférence mondiale contre la guerre et l’exploitation, pour l’Internationale ouvrière, qui se tiendra en Europe, en novembre 2020. »
Daniel Gluckstein, Nambiath Vasudevan, coordinateurs du COI