URGENT

INDE Ne sommes‑nous pas citoyens de notre propre pays ? En avant pour combattre et arrêter le CAA-NPR-NRC !

Le camarade N. Vasudevan nous fait parvenir l’appel suivant :

Camarades,

À travers toute l’Inde, la population manifeste contre le gouvernement depuis le 5 août 2019. Au départ, les protestations contre le blocus du Cachemire après l’abrogation de l’article 370 étaient localisés, mais depuis décembre 2019, ces protestations ont pris de l’ampleur partout et s’élèvent à grands cris contre l’amendement de la loi sur la citoyenneté, la mise en place du NPR et NRC, de même que contre les brutalités policières à l’égard des courageux étudiants de la JMU, l’AMU et par la suite le JNU, qui protestaient contre tout cela et également contre une importante hausse des frais d’inscription dans leur université.

 La dernière en date des raisons pour lesquelles le peuple proteste dans presque tout le pays, c’est l’amendement de la loi sur la citoyenneté (le CAA), voté au parlement en décembre 2019.

Le gouvernement a multiplié les déclarations affirmant que personne ne devait s’inquiéter au sujet du CAA, pas plus qu’au sujet du NPR (fichier national de la population) ou du NRC (fichier national des citoyens).

Nous devons comprendre que ce que sont ces trois lois et les conséquences qu’elles entraînent.

Comme chacun le sait, la citoyenneté donne le droit d’avoir ou d’exiger des droits. Comme citoyen, j’ai non seulement le droit de voter, mais également le droit d’exiger un emploi, des conditions de travail décentes, un salaire minimum me permettant de vivre, un logement, de me nourrir, une éducation, des soins médicaux, et bien d’autres choses. J’ai le droit de constituer un syndicat et de combattre pour tous ces droits. Je peux dénoncer publiquement le gouvernement, les patrons (malliks) et toutes sorte d’injustices. Si je ne suis pas citoyen, je n’ai aucun droit à faire tout cela.

Le fait que tous les citoyens bénéficient de tous ces droits est inscrit dans la Constitution adoptée en Inde après sa libération de l’oppression britannique, il y a plus de 70 ans. La Constitution doit être le fondement de toutes les lois adoptées dans ce pays, mais le CAA, le NPR et le NRC vont à l’encontre des droits donnés par la Constitution à ses citoyens. De ce point de vue, le CAA impose une discrimination à nos frères musulmans, alors que cela est interdit par la Constitution. Mais le peuple d’Inde est uni. Nous ne devons jamais les laisser nous diviser et détruire et cette unité qui est notre arme pour combattre l’injustice.

Nous sommes tous des citoyens de ce pays. Nous le savons.

Mais cette nouvelle Loi et ses modalités d’application que sont le NRC et le RNP prétendent que non, que nous devons prouver notre citoyenneté en fournissant au gouvernement des papiers pour le prouver. Le gouvernement n’a pas encore explicité clairement ce que sont ces papiers et ces preuves à apporter. Mais il est fort probable que ce soit un certificat d’extrait de naissance, de propriété sur la terre ou des immeubles, la date et le lieu de naissance de nos parents et peut-être même de nos grands parents qui prouveraient qu’ils sont nés en Inde, et peut-être bien d’autres choses encore.

Plus on est pauvre, plus les chances que nous avons de pouvoir produire l’ensemble de ces documents sont réduites. Les plus affectés seront les pauvres qui vivent dans des village, des villes et des métropoles, les intouchables, les adivasis, les nomades et les communautés non enregistrées, les habitants des régions forestières, les paysans sans terre, les travailleurs migrants, les habitants des bidonvilles, les sans domiciles, les femmes, les transsexuels, les infirmes, les orphelins et toutes les communautés qui sont les plus marginalisées et sous-privilégiées. Mais il est vrai également que même de nombreuses personnes riches et instruites ne possèdent pas les preuves des dates et lieux de naissance pour eux-mêmes ou pour leurs parents, étant donné que les documents du genre certificat de naissance ont commencé d’être fournis par le gouvernement il y a à peine 50 ans, et qu’aujourd’hui, seules 50% des naissances sont enregistrées.

Cela signifie qu’il nous faudra faire la queue et perdre de nombreuses journées de travail et dépenser des sommes d’argent importantes qui incluront inévitablement des pots-de-vin pour fournir ces documents pour prouver que nous sommes bien des citoyens indiens. Cela se traduira non seulement par des pertes de salaires mais nous exposera au danger de corruption pour la création de ces documents, ce qui nous pénalisera deux fois. 

Cela est bien pus grave que le processus de « démonétisation » pour lequel nous avons dû faire des queues gigantesques d’abord pour déposer notre argent dans les banques et ensuite pour le retirer. C’est bien plus dangereux encore. Au travers de la démonétisation nous avons perdu de l’argent, des salaires et des emplois. Là, nous pourrions perdre nos droits comme citoyens et finir dans des camps de rétention (c’est-à-dire des prisons construites pour enfermer les personnes qui ne pourront « prouver leur citoyenneté »), où l’on pourra nous forcer à travailler comme des esclaves sans droits, séparés de nos familles et de ceux que nous aimons, pour le reste de notre vie peut-être.

Il nous faut discuter entre nous sur cette question du CAA-NRC-NPR de manière approfondie pour voir comment nous opposer à cela lorsque les agents du gouvernement viendront exiger ces informations.

Le gouvernement central organise ce dispositif à un moment où la situation économique du pays est très mauvaise, où le taux de chômage a explosé, où les prix griment de jour en jour, où les fermiers se suicident à la chaîne et où même les emplois stables existant disparaissent du fait de la privatisation des entreprises publiques, où toutes les entreprises et terres agricoles publiques sont mises à la disposition des compagnies étrangères et  des investisseurs privas indiens pour une bouchée de pain pendant que les employés permanents de ces entreprises sont remplacés par des contractuels à qui le salaire minimum n’est même pas garanti. Et dans le même temps le gouvernement modifie toutes les lois du travail qui étaient en faveur de la classe ouvrière, c’est-à-dire les lois qui ont été arrachées pour nous par les générations précédentes.

En avant, camarades ! 

Descendez dans la rue avec vos familles pour combattre le Gouvernement central qui vise à détruire nos vies comme jamais jusqu’à présent.

Nos tâches immédiates ?

Nous instruire nous-mêmes et instruire nos familles et communautés de ce que c’est que le CAA-NRC-NPR.

Organiser une campagne sur le NPR dans les endroits où nous vivons, nos bidonvilles, nos quartiers, nos villes, faubourgs et villages.

Tenir des réunions et des meetings dans tous les endroits possibles pour faire passer le message sur les dangers immenses que font peser le CAA, le NPR, le NRIC, le NRC et les camps de détention.

Faire pression sur les gouvernements dans chaque État indien pour qu’il s’oppose au NRC/NPR et refuse d’autoriser l’État fédéral à déployer sur son territoire les infrastructures et moyens d’action pour le NRC et le NPR

Apporter notre soutien à toutes les campagnes contre les nouveaux codes du travail et la privatisation des entreprises d’État et les pratiques anti-ouvrières des patrons et des gouvernements.

Travailleurs contre le CAA, le NPR et le NRC
Workers Against CAA, NPR & NRC
c/o TUSC, 6, Neel Kanth Apartments, Gokuldas Pasta Lane,
Off. Dadasaheb Phalke Road, Dadar (East), Mumbai – 400 014
Telephone : 022 – 2415 0750