ALGÉRIE Déclaration du Comité d’Organisation des Socialistes Internationalistes (COSI) Après la démission de Bouteflika : « Régime dégage ! La parole au peuple ! Assemblée constituante souveraine ! Organisons-nous ! »

Abdelaziz Bouteflika n’est plus Président de la République dès ce mardi 2 avril 2019. Il s’agit de la première victoire du peuple tout entier depuis son irruption dans les rues des villes et des communes du pays, le 22 février, pour s’opposer « à un cinquième mandat » du président en exercice.
Première victoire seulement, car toutes les revendications des masses exprimées ces six dernières semaines n’ont pas été satisfaites par la sortie définitive du président sortant : « Système dégage » et « la parole au peuple ».
Mais victoire tout de même du peuple acquise par ses marches, manifestations, rassemblements, grèves, et la lutte pour l’indépendance des organisations syndicales, particulièrement de la centrale syndicale historiques des travailleurs l’UGTA. Le peuple, particulièrement les travailleurs, a montré « que tout était possible » ! Il va, sans aucun doute, s’en trouver conforté pour poursuivre sa mobilisation sur ses propres aspirations dont celle de décider.
Abdelaziz Bouteflika quitte la présidence de la République contraint par ce mouvement de masse, mais en ouvrant la voie à une sortie de crise qui préserve le régime et assure sa continuité. Bouteflika part mais le système reste: l’Assemblée nationale, le Conseil de la nation, le Conseil constitutionnel, le gouvernement récemment installé… Les hommes et les femmes qui l’ont personnifié aussi. C’est d’ailleurs l’un d’entre eux qui assurera l’intérim de la présidence durant 90 jours comme le prévoit l’actuelle constitution frappée d’illégitimité par le peuple manifestant. : Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation.
Le départ de Bouteflika, demandé plus récemment par le chef d’état-major Gaid Salah ou l’expremier ministre Ahmed Ouyahia, ne réunifie pas pour autant les différentes fractions du régime ni nerésorbe la crise du régime qui continue à s’approfondir.
Gaid Salah, chef de l’armée, qui se présente comme étant au coté du peuple après avoir été le principal soutien du président sortant poursuit ses propres objectifs : assurer la continuité du régime en mettant à nouveau au centre la hiérarchie militaire et mettre en place ses propres oligarques à la place de ceux qui ont prospérés à l’ombre de la présidence Bouteflika.
Tous les plans de sortie de crise, qu’ils viennent des différentes fractions et clans du régime ou de la prétendue opposition, tournent le dos à l’aspiration profonde des millions de manifestants, à savoir : que l’Algérie se construise par le peuple souverain, pour le peuple souverain.
Ce que veut et continue à vouloir le peuple, ce n’est pas que les personnages à la tête des institutions cèdent la place à d’autres personnages, ce que veut le peuple, c’est d’autres institutions. « Système, dégage ! Régime, dégage ! » pour laisser la place à un autre régime, à un autre système.
Le Comité d’organisation des socialistes internationalistes (COSI) partage, avec nombre de nos concitoyens, de jeunes, de femmes, de travailleurs, la conviction que c’est au peuple de décider de son avenir, que c’est au peuple de s’ériger en peuple constituant à travers son Assemblée constituante souveraine.
Il y a pour cela une voie : celle qui est engagée depuis plus d’un mois, celle de l’organisation de la mobilisation par les travailleurs et les jeunes eux-mêmes avec leurs syndicats arrachés à la tutelle de l’État, avec leurs syndicats indépendants, leurs syndicats autonomes, leurs sections UGTA ayant recouvré leur souveraineté, avec leurs comités, etc. Ce mouvement ne peut pas s’arrêter avant l’établissement de la démocratie pleine et entière. C’est à l’Assemblée constituante souveraine représentant l’ensemble du peuple qu’il revient de le faire.
Pour notre part, nous estimons qu’une telle Assemblée constituante souveraine permettrait aux représentants du peuple non seulement de décider de la forme des institutions nouvelles, mais aussi de leur contenu, car le peuple veut pouvoir décider :
- que les jeunes aient droit à un vrai diplôme, un vrai travail, un vrai salaire,
- que toutes les richesses de la nation, en particulier les hydrocarbures, reviennent au peuple travailleur,
- que soient annulées toutes les privatisations,
- que soient rétablis tous les services publics.
C’est par ce biais que sera ouverte la voie à cette Algérie nouvelle pour laquelle toutes et tous nous sommes entrés en mouvement depuis le 22 février.
Alger, 3 avril 2019