RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (RDC) : Des élections chaotiques qui annoncent une nouvelle phase de la guerre de pillage

Le 20 décembre, 100 000 candidats étaient en lice pour quatre scrutins : élections législatives nationales, provinciales, municipales et élection présidentielle. Compte tenu de l’absence d’un réseau routier continu, le matériel électoral destiné aux 44 millions d’électeurs a été acheminé par voie aérienne, notamment par la Monusco (le contingent militaire de l’ONU). Les territoires de Masisi et Rutshuru, à l’est, ont été exclus du processus électoral à cause de la guerre qui y sévit.

Partout on a constaté des bureaux de vote ouverts en retard, le dysfonctionnement des machines électorales, l’impossibilité de se rendre aux bureaux de vote pour les populations « déplacées » du Nord Kivu, la délocalisation des bureaux de vote du territoire de Nyiragongo… À la tombée de la nuit, 40 % des bureaux n’avaient pu ouvrir, ce qui a reporté le vote au lendemain.

Ces élections se déroulent dans un contexte de guerre à l’est du pays et de crise politique ininterrompue depuis les élections de 2018. Rappelons qu’à la veille des élections de 2018, un « accord pour la paix et la stabilité de la RDC » avait été négocié par les présidents d’Égypte et d’Afrique du Sud et l’ex-président du Kenya. L’accord organisait le partage du pouvoir entre l’ancien président Kabila et l’actuel président (candidat à sa succession) Tshisekedi. Et surtout, il garantissait le « respect des intérêts de la communauté internationale », c’est-à dire en réalité le respect des intérêts miniers de l’impérialisme américain.

Aujourd’hui, la guerre de pillage va franchir un nouveau cran. D’une part, Tshisekedi développe un discours xénophobe contre les populations rwandophones de la RDC. D’autre part, juste après le cessez-le-feu entre les gouvernements du Rwanda et de RDC négocié par la directrice du renseignement de l’administration Biden, Avril Danica Haines, une nouvelle coalition politico-militaire vient de se constituer au Kenya, l’Alliance du Fleuve Congo. Son objectif : « Faire partir Tshisekedi. »

La paix en RDC est incompatible avec l’impérialisme. Quel que soit le candidat qui sera proclamé vainqueur de la présidentielle, la guerre va entrer dans une nouvelle phase. Seule ouvrira une issue de paix et de démocratie la mobilisation des masses travailleuses avec leurs organisations pour chasser les troupes étrangères, les mercenaires et les multinationales qui pillent les richesses du pays. Une mobilisation qui imposera la nationalisation de ces richesses pour satisfaire les besoins du peuple travailleur et de la jeunesse.■

Avec nos correspondants du Comité pour un parti indépendant et démocratique des travailleurs et des paysans

Repères 
102 millions d’habitants vivent en RDC (dont la superficie est quatre fois celle de la France). 
En 2022, 60 millions de Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale. 
Son sous-sol recèle tous les métaux précieux. En trente ans, les guerres alimentées par les multinationales qui financent plus de cent groupes armés ont fait dix millions de morts et chassé de chez eux des millions de réfugiés.