HONGRIE Mobilisation historique des enseignants, des jeunes et des parents d’élèves
Un semestre après les élections locales, un énorme mouvement mobilisant de 30 000 à 40 000 enseignants, avec les étudiants et les parents, est en cours. Au même moment a lieu une importante grève des éboueurs.
Cela fait des années que les enseignants réclament des augmentations de salaire. Leurs salaires sont bien inférieurs au salaire moyen des autres professions intellectuelles. Les enseignants revendiquent également le droit de grève (qui a été considérablement restreint), l’amélioration de leurs conditions de travail et donc l’amélioration de la qualité de l’enseignement public.
Parmi des centaines d’initiatives, citons la lettre ouverte d’un enseignant adressée aux parents de ses élèves : « Nous ne luttons pas pour nous-mêmes, mais pour vos enfants. Si ce n’était qu’une question d’argent, nous ne nous serions pas lancés dans l’enseignement, nous aurions travaillé comme caissiers dans une grande surface. Nous faisons grève parce que nous voyons que vos enfants ne reçoivent pas une instruction correcte. Ce système n’est pas bon pour eux. »
Sous la pression de milliers d’enseignants qui partagent cet état d’esprit, les dirigeants des deux plus grands syndicats d’enseignants, PSZ et PDSZ, commencent à revenir à la raison après une longue période de léthargie et d’inaction. Ils ont remis en place un comité de grève.
Refusant de négocier avec les syndicats, le représentant du gouvernement déclare : « Le gouvernement attend que la Commission européenne prenne une décision sur le financement de l’augmentation des salaires. » Rhétorique démagogique classique du régime de Viktor Orban, toujours prompt à dénoncer la Commission européenne… dont il applique pourtant à la lettre toute la politique anti-ouvrière. Le comité de grève, de son côté, a récusé cet argument, affirmant que le gouvernement peut payer les augmentations de salaire substantielles immédiatement à partir du budget de l’État, ce qui, selon le comité de grève, est la seule chose à faire. Il a dénoncé comme « inacceptable » la propagande du gouvernement selon laquelle « la gauche et Bruxelles bloquent les augmentations de salaire des travailleurs de l’éducation ».
Les deux syndicats attirent également l’attention sur les très graves problèmes de l’éducation et demandent des solutions à plus long terme, notamment en finir avec la pénurie d’enseignants, réduire la charge de travail, réviser les programmes nationaux, moderniser l’enseignement public, etc.
Les menaces de licenciement, fin septembre, contre plusieurs enseignants pour « débrayages illégaux » ont poussé les lycéens à soutenir massivement leurs enseignants. Des confédérations syndicales soutiennent également le mouvement des enseignants. Les jeunes ont manifesté, avec un large soutien populaire, le 5 octobre, montrant qu’ils n’ont pas l’intention de laisser leur avenir piétiné par les autorités actuelles.
Judit Somi