URGENT

GRANDE-BRETAGNE
Au congrès national des Unions locales des TUC, Motion d’urgence N° 1 : « Liberté pour Kirill Oukraïntsev, président du syndicat russe Courier »

Le congrès national des unions locales de la centrale syndicale TUC s’est tenu le samedi 11 juin à Leicester, Angleterre. À l’ordre du jour figurait la motion d’urgence reproduite ci -dessous, présentée par l’association des 10 unions locales de la région de Manchester.

Après lecture de cette motion, l’exigence de la libération immédiate du syndicaliste Kirill Oukraïntsev, président du syndicat Courier et de la reconnaissance officielle de ce syndicat par les autorités russes furent adoptées à l’unanimité des délégués des 150 unions locales représentées au congrès.

Chers collègues, chers camarades du mouvement international, ceci est un appel aux syndicats en Russie et dans le monde entier pour qu’ils lancent une campagne de grande envergure pour la libération de Kirill Oukraïntsev, président du syndicat russe Courier

Le 25 avril – troisième jour de la grève des livreurs de repas et denrées – la police enfonçait la porte de l’appartement du dirigeant du syndicat. Il était mis en état d’arrestation et, le 27 avril, un tribunal de Moscou l’a placé en détention préventive jusqu’au 25 juin. Il est mis en accusation au titre de l’« article Dadine » (1). Il s’agit d’un article d’une loi politique réprimant la liberté de réunion. Au titre de cette loi, quiconque reçoit trois sanctions administratives dans un délai de 180 jours pour tout meeting, réunion ou piquet de grève peut faire l’objet de poursuites pénales. L’application totalement arbitraire de cet article en Russie vise des personnes soigneusement sélectionnées. 

Au titre de cet article, Kirill Oukraïntsev risque cinq ans de prison. 

C’est pour ses activités syndicales que Kirill Oukraïntsev est poursuivi en justice. 

En 2020, lui et ses camarades ont réussi à fonder le syndicat « Courier ». Le syndicat organise les livreurs de denrées et de repas, secteur contrôlé en Russie par deux géants de cette industrie, Yandex et Delivery Club

A plusieurs reprises, le syndicat est parvenu à obliger les entreprises à céder aux revendications des livreurs défendues par la grève et diverses actions collectives. Le paiement d’arriérés de salaires a été obtenu ainsi que l’abandon d’un système inique de pénalités.

Le syndicat Courier est devenu le symbole d’une nouvelle vague d’activisme dans le mouvement syndical russe qui vit des temps difficiles sous le régime Poutine. Leur action sert d’exemple à des jeunes qui veulent se battre pour leurs droits. 

Il est clair que le régime russe, appuyé par les oligarques et les grandes entreprises, tente de faire endosser le coût d’une guerre criminelle par les salariés. Dans le pays tout entier, on assiste à des licenciements, des suppressions de postes, des réductions de salaire. On assiste à la montée d’une vague de protestations ouvrières. Afin de tenter d’éteindre cet incendie, les autorités et les chefs d’entreprises ont décidé de neutraliser un des dirigeants, symbole du mouvement syndical russe. 

Dans ces circonstances, l’aide apportée à Kirill n’est pas seulement un geste de protection à l’égard d’un de nos camarades. C’est une étape cruciale du développement du mouvement syndical en Russie pour les mois à venir. De plus, il est clair que c’est seulement par la solidarité entre travailleurs et entre de véritables syndicats par-delà les frontières que nous avons la capacité de changer le monde pour rendre impossibles les guerres comme celle à laquelle nous assistons. 

Kirill Oukraïntsev et le syndicat Courier se sont toujours considérés comme faisant partie intégrante du mouvement ouvrier international mondial. Aujourd’hui, ils ont besoin de la solidarité des syndicats et de tous ceux qui partagent ce point de vue au plan mondial ! 

Exigeons la liberté pour Kirill Oukraïntsev ! 

Exigeons la reconnaissance du syndicat « Courier » 

Un autre monde est possible et c’est ensemble qu’il nous faut combattre pour le conquérir ! 

Motion du Greater Manchester Association Trades Council  

(1) Article 212.1 du Code Pénal punit les prétendues « violations répétées de la législation sur l’organisation de rassemblements, meetings, manifestations, défilés ou piquets de grève ». Cet article porte le nom de Ildar Dadine, le premier citoyen qui fut condamné au titre de cet article en 2015.