ALLEMAGNE
« Nous disposerons bientôt de la plus grande armée conventionnelle de l’OTAN en Europe » (le chancelier Scholz)

Réalisant l’union sacrée, les députés allemands ont adopté, début juin, à une très large majorité, une dotation à hauteur de 100 milliards d’euros pour l’armée.
Le 3 juin, le Bundestag (Parlement) a voté une modification de la Loi fondamentale (qui fait office de Constitution) pour permettre la création d’un « fonds spécial de la Bundeswehr », l’armée allemande. Puis ce fonds spécial, d’un montant de 100 milliards d’euros, a été adopté.
La modification de la Loi fondamentale nécessitait une majorité des deux tiers. Dans le cadre d’une « union sacrée », les partis au gouvernement ont tous voté pour – le Parti social-démocrate SPD (moins huit voix contre), les Verts, le parti libéral FDP –, ainsi que le principal parti de la bourgeoisie, la CDU-CSU. Lors du vote pour le fonds spécial, ces mêmes partis ont voté pour, ainsi qu’une grande partie de l’AfD (extrême droite fascisante). Le parti « Die Linke » a voté contre en bloc. Contre toute démocratie, la modification de la Loi fondamentale s’est faite sans la moindre discussion au sein des syndicats, partis, etc.
Le même jour, le budget fédéral a été voté. Le budget militaire de l’année s’élève, à lui seul, à 50,4 milliards d’euros. Quant au fonds spécial, il a été explicitement exclu de la « règle d’or » de l’endettement, mais, tout comme les autres dettes, elle devra être payée par la classe ouvrière par la destruction des services publics, de l’éducation, de la santé, des retraites, etc. Conformément aux objectifs fixés par l’OTAN (consacrer 2 % du PIB pour l’armement), le budget militaire réel réparti sur cinq ans est ainsi porté à plus de 70 milliards d’euros par an. Et au cas où le fonds spécial serait intégralement « consommé », la loi prévoit que « le budget fédéral continuera à fournir les moyens financiers nécessaires pour (…) financer la contribution allemande aux objectifs de l’OTAN en vigueur à ce moment-là ».
Ainsi est mis en place un régime de budgets de guerre en augmentation constante et pour lequel ne s’appliquent pas les règles du « frein à l’endettement ». Cette augmentation aboutit à des coupes claires sans précédent dans tous les autres budgets (services publics, etc.) jusqu’au niveau des communes.
Pour l’impérialisme allemand, il s’agit de devenir désormais, dit le chancelier social-démocrate Scholz, « la plus grande armée conventionnelle d’Europe » de l’OTAN, juste derrière celle de l’impérialisme américain, et de jouer le rôle central en Europe. Nul doute que cela va provoquer une résistance massive de la part de la classe ouvrière. Car le gouvernement Scholz viole le serment du peuple allemand après 1945 : « Plus jamais la guerre, plus jamais le fascisme ». Et sa décision d’augmenter brutalement le budget de guerre menace directement la classe ouvrière et ses acquis arrachés depuis 1945. Il nous faut combattre ces attaques par une lutte unie contre la guerre et l’exploitation.
H. W. Schuster
L’Union européenne veut « dépenser davantage » pour la guerre
« Nous ne disposons pas des capacités militaires nécessaires pour garantir notre propre sécurité ou pour être un partenaire efficace au sein de l’OTAN. Nous devons dépenser davantage, et nous devons le faire ensemble » (Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, dans Le Monde, 8 juin).