URGENT

AZANIE/AFRIQUE DU SUD Cela fait 9 ans et aucune justice n’a été rendue aux mineurs de Marikana massacrés, à leurs veuves et à leurs orphelins

Les veuves des mineurs massacrés lors d’une cérémonie en août 2015

Près de 10 ans se sont écoulés depuis le jour tragique où la police sud-africaine, héritée du régime d’apartheid, a agi sur instruction de l’actuel président de l’ANC et de l’Azanie/Afrique du Sud – Cyril Matamela Ramaphosa –, qui a lui-même clairement indiqué que la revendication alors avancée par les travailleurs était criminelle et exigeait ce qu’il a appelé une « action concomitante » de la part de la police. 

En conséquence, plus de 34 travailleurs ont été massacrés sous une pluie de balles, laissant derrière eux des orphelins et des veuves. D’autres ont été handicapés physiquement. Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, le gouvernement de l’ANC a refusé d’indemniser et de payer des réparations pour une action aussi horrible qui a laissé de profondes cicatrices non seulement dans le cœur des personnes touchées, mais aussi dans celui de toute la classe ouvrière en Azanie et à l’étranger. 

L’affaire des 328 personnes victimes du massacre de Lonmin à Marikana est devant la Haute Cour de Johannesburg. Elle n’est qu’un exemple supplémentaire de la collaboration entre le gouvernement et les multinationales pour dissimuler les atrocités de l’exploitation et de la violation des droits de l’homme perpétrées contre la classe ouvrière et les pauvres. Cette affaire témoigne de la volonté du gouvernement de l’ANC de nier tout acte répréhensible à Marikana, ce qui non seulement révèle la pourriture au sein du secteur minier mais également engage le système judiciaire dans l’incohérence et la collaboration. 

La Commission Farlam sur le massacre de Marikana n’a donc donné aucun résultat et n’a pas rendu justice, tout comme le Comité Vérité et Réconciliation (CVR) de 1996, où les victimes sont devenues les auteurs de leurs propres souffrances, tandis que les vrais coupables sont devenus les champions de la justice. Ramaphosa a même été récompensé par le plus haut poste du pays lors de la conférence de l’ANC à Mangaung en 2012, où il est devenu vice-président de l’ANC, puis du pays. 

À ce jour, nous devons faire face à une autre bataille pour que les mineurs et les veuves obtiennent ce qui leur est dû. 

Pourtant, si nous analysons la situation de plus près, nous découvrons que le juge qui préside le procès à la Haute Cour était également l’un des actionnaires de l’entreprise Lonmin Plc, qui est maintenant appelée Sibanye Platinum, impliquée dans l’affaire pour laquelle les victimes du massacre de Lonmin à Marikana demandent justice. 

On a découvert que le juge Colin Lamont possédait des actions de Lonmin Plc et qu’il les a vendues deux jours avant d’être interrogé dans une procédure de récusation pour laquelle les veuves et les mineurs ont intenté un procès civil qui réclame plus de 1 milliard de dollars de dommage à Ramaphosa, au gouvernement et à Lonmin Plc. 

Cette découverte prouve que Ramaphosa et ses semblables dans le secteur minier sont pleinement impliqués dans les différentes manœuvres visant à faire en sorte que justice ne soit pas faite pour le massacre de Lonmin à Marikana, y compris en continuant d’assassiner les mineurs survivants. Au cours des 8 dernières années s’est déroulée une véritable chasse à l’homme. Ainsi en 2012 où des mineurs ont été tués quand ils ont pris la fuite ou se sont rendus à la police. De tels agissements constituent des tentatives désespérées de faire taire les travailleurs qui se trouvent aujourd’hui dans des conditions bien pires que celles contre lesquelles ils se battaient le jour fatidique du 16 août 2012. 

L’affaire a également été retardée par la crainte du gouvernement de l’ANC que le versement d’une compensation ou d’une réparation aux mineurs et aux veuves ne constitue un aveu public de culpabilité et ne justifie l’appel à juger Ramaphosa pour crimes contre l’humanité, alors qu’il a joué un rôle clé dans l’attaque contre des travailleurs inoffensifs dans les mines. 

L’ironie de tout cela est que ce même Ramaphosa était autrefois le secrétaire du plus grand syndicat de mineurs (NUM). 

Il est très important que les militants regroupés autour de la Newsletter Black Republic suivent cette action en justice et y apportent leur soutien, car cette action en justice constitue un appel à soutenir les travailleurs et les veuves du massacre de Lonmin. 

Notre position reste inchangée ; le massacre de Lonmin à Marikana reste une atrocité perpétrée contre la classe ouvrière, et nécessite que toutes les organisations de la classe ouvrière et des pauvres se joignent à un appel pour réclamer justice et faire juger Ramaphosa pour son rôle dans le massacre.