TUNISIE Solidarité avec les ouvrières et les ouvriers de l’usine Ritun !
Le 21 novembre 2024, le tribunal de première instance de Kairouan a condamné à six mois de prison avec sursis Jamel Chérif, secrétaire général de l’union locale de Sbikha (affiliée à l’Union générale tunisienne du travail, UGTT), et à trois mois avec sursis treize ouvrières et ouvriers de l’usine de fabrication de chaussures Ritun. Leur « crime » ? Avoir osé formuler leurs revendications et constituer leur propre syndicat pour les défendre.
Le 16 octobre 2024, un blocage routier avait empêché les ouvrières et les ouvriers d’accéder à l’usine. Les punissant pour « absence injustifiée », la direction leur retient un jour de salaire. Puis trois, pour sanctionner leurs « protestations ».En réaction, les travailleurs organisent un sit-in et élargissent leurs revendications.
Ils dénoncent leur exposition à des substances toxiques, qui causent de nombreux cancers et maladies respiratoires, ainsi que les troubles musculosquelettiques causés par le port de charges lourdes et les postures de travail pénibles. L’absence de protocoles de sécurité entraîne des accidents graves. Les travailleurs dénoncent aussi les licenciements abusifs ou déguisés (non-renouvellement des contrats à durée déterminée).
Fin octobre 2024, se sentant trahis par le syndicat affilié à l’Union des travailleurs tunisiens (UTT), « à la botte » du patron, ils décident de constituer leur propre syndicat, affilié à l’UGTT, et en fixent le congrès constitutif au 10 novembre. L’avant-veille, la police arrête plusieurs ouvriers et le secrétaire général de l’union locale à la suite d’une plainte de la direction de l’usine, qui procède au licenciement de vingt-huit ouvrières et ouvriers en raison de leur participation à la mobilisation pacifique.
En Tunisie et à l’échelle internationale, de nombreuses organisations ouvrières ont pris fait et cause pour les travailleurs de Ritun et le secrétaire général de l’union locale de Sbikha. Elles exigent la réintégration de tous les travailleurs, l’abandon des poursuites, le respect des droits syndicaux et la satisfaction des revendications légitimes des travailleurs.
Nous reviendrons ultérieurement sur les initiatives de solidarité avec les syndicalistes et les travailleurs de Ritun.
Avec nos correspondants
