Macron déchaîne la répression coloniale

Macron avait annoncé, le 12 juin, la « suspension » de la loi constitutionnelle de « dégel » du corps électoral provincial de Nouvelle-Calédonie. Loi largement rejetée, puisqu’elle a l’objectif non dissimulé de faire du peuple kanak colonisé une minorité dans son propre pays.

La « suspension » annoncée par Macron avait pu ainsi apparaître aux travailleurs et au peuple kanak comme une mesure d’apaisement, conséquence de la crise politique en France.

Il n’en est rien. Le 19 juin, onze responsables indépendantistes ont été arrêtés et mis en garde à vue. Parmi eux, Christian Tein de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), mais aussi la principale collaboratrice de Roch Wamytan, président indépendantiste du Congrès de Nouvelle-Calédonie. Les locaux de l’Union calédonienne (UC), principal parti membre du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), ont été perquisitionnés.

Le prétexte des gardes à vue (jusqu’à quatre-vingt-seize heures !), selon ce qu’a précisé le procureur de Nouméa, représentant judiciaire du pouvoir colonial, est qu’une enquête vise « les commanditaires présumés des exactions commises » depuis le 12 mai 2024. Les accusations sont graves : association de malfaiteurs, vols avec armes en bande organisée, complicité de meurtres sur personnes dépositaires de l’autorité publique, bref, des faits « relevant de la criminalité organisée », selon le magistrat.

Deuxième acte de la provocation, sept des gardés à vue ont été transférés en métropole le 23 juin, à 17 000 kilomètres de chez eux. (Lire ci-dessous)

À l’origine de tout cela : Macron a décidé de frapper fort. Une indiscrétion publiée dans le Canard enchaîné (5 juin) rapporte : « En Nouvelle-Calédonie, la négo est au point mort et Macron montre les muscles. Il est “entré dans un fight perso”, raconte un de ses proches. Exemple ? Le président a demandé aux flics de coffrer Christian Tein, le chef de la CCAT, la branche indépendantiste la plus radicale. »

L’Union calédonienne (UC) a, à juste titre, dénoncé des « arrestations abusives alors que des responsables locaux anti-indépendantistes et des miliciens criminels se pavanent en toute liberté », faisant référence aux milices de colons armés qui ont tiré à balles réelles contre les manifestants kanak.

Pour sa part, le Parti des travailleurs (France) a, dès le 19 juin, dénoncé cette provocation du gouvernement colonialiste français. Il « se prononce pour la libération immédiate des militants arrêtés et la levée de toutes les poursuites à leur encontre. Nul ne peut se réclamer de la démocratie s’il ne reconnaît pas le droit imprescriptible du peuple kanak à décider librement de son sort. »

Lu dans La Tribune des travailleurs (France)