« Il est impossible de quantifier la souffrance à Gaza »
La journaliste israélienne Amira Hass écrit dans Haaretz (10 avril) : «En raison des limites de l’imagination humaine (par opposition à l’imagination des fauteurs de guerre et des fabricants d’armes), et en l’absence d’un tout autre dictionnaire, il n’y a pas de véritable moyen de décrire la destruction et les pertes subies à Gaza après six mois de guerre.
En théorie, il suffirait de visionner les centaines, voire les milliers de vidéos qui montrent les enfants tremblants – incapables de contrôler leurs tremblements – après les bombardements israéliens: dans les hôpitaux, dans la rue, certains d’entre eux sanglotant, d’autres incapables de prononcer un mot.Ils sont couverts de poussière et de sang.
C’est un détail qui suffit à représenter le désastre.(…)
Selon l’Unicef, à la fin du mois de janvier, 17000 enfants “errent” dans la bande de Gaza sans être accompagnés d’un adulte. Leurs parents ont été tués, ils n’ont pas pu être extirpés des ruines. Ou bien les enfants se sont perdus lors des déplacements massifs vers le sud.
Et c’est sans compter les 14 000 enfants (sur environ 33000morts recensés) qui ont été tués jusqu’à présent par les bombardements israéliens.À cela s’ajoutent des milliers d’enfants qui ont perdu des membres, souffrent de brûlures, se promènent avec des blessures qui se sont infectées en l’absence de bandages et de médicaments, et souffriront de troubles post-traumatiques pour le reste de leur vie. Quel est leur avenir ? Il est impossible de quantifier la souffrance. (…)
Voici un autre chiffre: “Les Palestiniens de Gaza représentent désormais 80% de toutes les personnes confrontées à la famine ou à la faim sévère dans le monde”,selon le rapport intérimaire conjoint – publié la semaine dernière – de la Banque mondiale (BM), de l’Union européenne (UE) et des Nations unies (ONU). (…)
À la fin du mois de janvier 2024, les destructions matérielles dans la bande de Gaza étaient estimées à environ 18,5 milliards de dollars.C’est le coût de 50 avions de combat que l’administration Biden souhaite vendre à Israël,sous réserve de l’approbation du Congrès,comme le rapporte CNN.»
