Une véritable « chasse aux conscrits »dans les villes et les villages
Volodymyr Zelensky a promulgué plusieurs lois qui durcissent considérablement les conditions de la mobilisation. L’une abaisse l’âge minimal des soldats envoyés au front de 27 à 25 ans. L’autre supprime toute une série d’exemptions médicales et crée une base de données pour lutter contre les réfractaires. D’autres projets de loi doivent être votés par la Rada (Parlement) à la fin avril. En attendant, selon Associated Press (4 avril) « les nouvelles lois (…) pourraient ajouter environ 50 000 soldats à l’armée », soit « un dixième des 500 000 soldats supplémentaires que M. Zelensky a déclaré vouloir mobiliser en décembre ». Des objectifs considérables qui en disent long sur le niveau des pertes humaines de l’armée ukrainienne.
Avant même que ces lois ne soient promulguées, les TTsK (centres d’enrôlement militaire) déploient leurs sergents recruteurs dans tous les lieux publics, à la recherche d’hommes en âge de combattre. Dans la ville de Rivne (au nord-ouest de l’Ukraine), un militant ukrainien raconte, début mars : « La situation que je vais vous décrire, je la connais de première main, pas par le biais des réseaux sociaux. C’est une véritable “chasse aux conscrits” qui a lieu à Rivne, comme dans toute l’Ukraine. La raison est simple : les employés des TTsK ont des objectifs à tenir, émis par les centres territoriaux, et ainsi de suite. En cas de non-réalisation des objectifs, le personnel des TTsK peut être envoyé dans les unités combattantes. D’où une telle effervescence : personne ne veut se retrouver à Bakhmout (l’une des villes où les combats sont intenses – ndlr). Mais depuis le début de l’année 2024, il y a de nombreux cas de résistance armée contre les sergents recruteurs. Par exemple, en janvier, un paysan de Rovno, pour défendre son frère que le TTsK voulait embarquer, a attaqué les officiers avec une faux. Il a été jeté en prison et son frère est parti combattre dans la région de Donetsk. Encore plus significatif : dans le bourg de Radyvilov, ayant localisé deux recruteurs du TTsK via les réseaux sociaux, un groupe d’habitants a réussi à les immobiliser, leur ont confisqué leurs armes et les ont emmenés vers le village de Nemyrivka, où ils les ont sévèrement battus. Les agresseurs et les armes sont toujours recherchés. Ce ne sont pas des cas isolés, dans la région comme ailleurs. La mobilisation générale provoque une résistance active dans la société. C’est d’autant plus significatif que cette opposition radicale a commencé dans les régions de l’ouest*. »
Avec nos correspondants
* Régions où les sentiments nationalistes sont traditionnellement plus forts qu’à l’est.
