ÉTATS-UNIS La vague des grèves s’étend en Amérique du Nord
« Je suis mère de famille mono parentale avec deux enfants et je vis de paie en paie. Je ne peux pas me payer de vacances et je ne suis pas la seule », explique Annick, gardienne dans une école à Montréal (province du Qué bec, Canada). Avec Annick, des milliers de grévistes ont envahi un bâtiment du gouvernement provincial le 8 décembre, « par ce qu’on voulait souligner que c’est un gouvernement de riches qui gouverne pour les riches », dit la présidente du Conseil syndical central du Montréal métropolitain. Le choc s’opère, classe contre classe.
Partie des studios de Hollywood et des usines automobiles des États-Unis, passant par la chaîne d’hôpitaux Kaiser et les casinos de Las Vegas, la puissante vague de grèves pour l’augmentation des salaires a traversé la frontière canadienne. Un demi million de travailleurs de la fonction publique de la province du Québec entament leur troisième débrayage, exigeant du « Front commun » des directions syndicales qu’il appelle à la « grève générale illimitée ».
Aux États-Unis, les adhérents du syndicat des scénaristes, SAGAFTRA, viennent d’approuver la nouvelle convention collective imposée aux patrons des grands studios de Hollywood après des mois de grève. Outre des augmentations de salaire, les travailleurs ont imposé de sérieuses limitations à l’utilisation de l’intelligence artificielle afin de protéger leurs emplois.
Dans l’automobile, la grève du syndicat UAW a aussi imposé des reculs au patronat. Son caractère militant vient d’amener UAW à annoncer une campagne de syndicalisation de 150 000 travail leurs « de l’Ouest au Midwest et particulièrement dans le Sud ». « Syndiquer le Sud » est un vieux mot d’ordre du mouvement d’émancipation des Noirs américains. Car dans ces anciens États esclavagistes, aux lois fédérales antisyndicales Taft-Hartley s’a joute l’oppression raciste visant à interdire aux travailleurs noirs de s’organiser. ■ Avec nos correspondants
