URGENT

RUSSIE Le procès en appel de Kirill Ukraïntsev

Un militant qui participe à la campagne pour la libération du syndicaliste Kirill Ukraïntsev nous raconte l’audience en appel, le 23 mai dans un tribunal de Moscou, à laquelle il a participé.

Les avocats du responsable du syndicat Kourier (Le livreur) et militant de gauche, Kirill Oukraïntsev, avaient fait appel de la décision du tribunal de le placer en détention préventive. Ses avocats avaient fait appel contre cette peine de prison préventive, demandant qu’il soit assigné à résidence en attendant son procès.

Rappelons qu’actuellement en détention préventive jusqu’au 25 juin, Kirill risque à son procès d’être condamné à une peine de cinq ans de prison en vertu de l’article 212.1 du Code pénal, article ultra répressif et arbitraire qui punit les prétendues « violations répétées de la législation sur les rassemblements sur la voie publique ».

Mais nous savons que la véritable raison des poursuites pénales est tout autre : le seul « crime » de notre camarade Kirill est d’avoir contribué à fonder le syndicat des livreurs et à organiser la lutte victorieuse de ces travailleurs pour leurs droits.

Rappelons que le 25 avril (le jour de son anniversaire !), il a été arrêté chez lui, dans le petit appartement dont il est locataire, et placé, par décision du tribunal Savelovsky, en maison d’arrêt pour deux mois, jusqu’au 25 juin.

À l’audience, les avocats ont argumenté de façon raisonnée : ils ont démontré qu’Oukraïntsev est un citoyen respectable qui ne représente absolument aucune menace pour les autres et qui jouit d’une réputation irréprochable, qu’il est engagé pour une cause socialement utile : la protection des droits des travailleurs, et qu’il ne s’enfuira nulle part (originaire de Novossibirsk, il a déménagé à Moscou en 2019). Tous ces arguments n’ont eu aucun effet ni sur la juge Martynova ni sur le procureur. Rien ne les a émus, pas même le fait que Kirill doit s’occuper de sa mère, gravement malade d’un cancer et qui a besoin de l’attention de son fils. Les témoignages de moralité qui avaient été transmis en faveur de Kirill par Boris Kravchenko, président de la Confédération du travail de Russie (KTR), et par Oleg Sheïn, vice-président de la KTR et membre de la Douma régionale d’Astrakhan, ont été reçus par le tribunal, mais pas pris en considération.

Le tribunal a même ignoré le fait que le représentant du Centre pour la lutte contre l’extrémisme (la police politique – ndlr) avait estimé qu’il n’y avait aucun risque que Kirill se livre à des « actions de nature extrémiste » au cas où il serait assigné à résidence.

Une trentaine de militants étaient venus au tribunal soutenir notre camarade, parmi lesquels la militante des droits de l’homme, Elena Rokhlina (fille du célèbre général soviétique Lev Rokhline), le député du Parti communiste à la Douma municipale de Moscou, Evgueny Stoupine (l’un des rares élus du PC à avoir protesté contre la guerre – ndlr), Mikhaïl Lobanov, responsable du syndicat Solidarité universitaire à l’Université d’État de Moscou, des collègues de Kirill, le correspondant de la chaîne Stalingrad, Alexandre Evdokimov, des militants du mouvement La Russie travailleuse et de l’organisation marxiste Novye Krasnye.

Il est important de noter que Kirill, qui s’est exprimé au procès par vidéoconférence depuis son centre de détention, s’est montré très confiant et a défendu ses positions de façon argumentée et claire. Cependant, la juge Martynova a été catégorique : Kirill Oukraïntsev restera en détention provisoire jusqu’au 25 juin.

Mais la lutte continue : liberté pour Kirill Oukraïntsev ! Le syndicalisme n’est pas un crime !

Correspondant