URGENT

Information du syndicat des travailleurs de Maruti-Suzuki

Inde : est il possible de rendre justice aux travailleurs dans ce pays ?

C’est un verdict politique dirigé contre la classe ouvrière qui frappe les travailleurs de Maruti Suzuki dans le cadre des poursuites engagées depuis juillet 2012. C’est un verdict de classe qui s’inscrit clairement en appui aux directions des multinationales. Ceux qui sont visés ne sont pas seulement les travailleurs directement impliqués dans le combat pour les droits syndicaux, ni les 2 500 familles ouvrières des employés de Maruti Suzuki qui pendant toutes ces années ont été confrontées à l’exploitation et à la répression, mais toute la classe ouvrière de l’Inde et en particulier les ceintures industrielles de Gurgaon à Manesar et Neemrana. Et cela en dépit du fait qu’aucune preuve n’a été produite impliquant un quelconque travailleur dans le décès tragique du directeur ni dans l’incendie de l’usine intervenu le 18 juillet 2012.

31 des 148 travailleurs emprisonnés depuis plus de 4 ans ont été condamnés sans la moindre preuve, bien au contraire. 117 des 148 travailleurs – qui ont passé plus de 4 ans en prison – ont été acquittés. Les inculpations rendues publiques, la nature et la hauteur des peines seront discutées le 17 mars lors de la session du tribunal de Gurgaon. Des 31 travailleurs, 13 – dont la totalité du bureau du syndicat des travailleurs de Maruti Suzuki – ont été inculpés en application d’articles du Code pénal indien dont l’article 302 (meurtre) et d’autres. 18 des 31 travailleurs ont été inculpés de divers délits tels que rébellion, blessures graves, atteinte à l’intégrité corporelle etc.

Pendant ce temps, du 10 au 15 mars, les zones de Gurgaon et Manesar ont été transformées en camps retranchés de la Police en vertu des dispositions de l’article 144 au moyen d’un déploiement d’énormes forces de police et paramilitaires munies de matériel militaire. La police a bloqué tout accès à l’usine Maruti de Manesar pendant toute la durée de la lecture du jugement et a empêché les travailleurs de l’usine de se rassembler à Gurgaon en solidarité avec les travailleurs emprisonnés. Les services de police ont brandi des armes afin de menacer les dirigeants du mouvement de terribles conséquences en cas de protestation organisée.

Selon le verdict, 13 travailleurs membres de la direction sont inculpés en application des articles 302 (meurtre), 307, 436, 427, 325, 323, 341, 452, 201 et 120B. Devant la Cour, la défense a clairement établi que les inculpations de meurtre ou de tentative de meurtre ne pouvaient pas être retenues. Ils encourent des sentences qui peuvent aller jusqu’à la prison à vie. Dans les déclarations aux médias, l’accusation, assoiffée de sang, est allée jusqu’à demander des peines capitales.


Une lettre du syndicat des travailleurs de Maruti-Suzuki

Il est clair que c’est la totalité du syndicat des travailleurs de Maruti qui est visée, en dépit de l’absence de preuves, pour l’unique raison qu’ils ont réclamé le respect des droits des travailleurs. Ils sont visés car ils ont été à la tête du combat pour les droits syndicaux contre le système de contrats de travail en vigueur, contre les conditions de travail horribles, les bas salaires et un régime d’exploitation et de répression mis en place par la compagnie avec l’aide du gouvernement. Les 13 incluent Jiyalal ainsi que tous les travailleurs membres du bureau du syndicat des travailleurs de Maruti Suzuki, c’est-à-dire Ram Meher, Sandeep Dhillon, Ram Bilas, Sarabjeet Singh, Pawan Kumar, Sohan Kumar, Ajmer Singh, Suresh Kumar, Amarjeet, Dhanraj Bambi, Pradeep Gujjar et Yogesh.

18 autres travailleurs ont été inculpés en application d’autres articles du Code pénal. Parmi eux, 4 travailleurs – Ram Shabad, Iqbal Singh, Yogender Singh, Pardeep Gujjar – ont été inculpés en application des articles 323, 425, 452, 147, 149 du Code pénal indien. Les 14 autres travailleurs ont été inculpés en application des articles 323, 325, 148, 149, 341, 427.

Le fait que 117 travailleurs ont été relaxés démontre que les poursuites engagées étaient injustes dès le départ et a sapé les bases de l’édifice monté par l’accusation. Ils ont dû néanmoins passer 4 ans et demi en prison. Nous posons la question: qui rendra ces années injustement passées derrière les barreaux des prisons?

Cependant les travailleurs sont unis contre la répression dont le mouvement est victime. Le 9 mars, 25 000 travailleurs de 6 usines sont passés à l’action en boycottant les repas du midi et du soir et en organisant des réunions aux portes de l’usine. Le 10 mars, après le verdict, nous nous sommes réunis à Gurgaon à 16 heures et avons décidé d’amplifier le combat avec une unité encore plus importante. Les travailleurs de plus de 30 syndicats nous ont rejoints pour exprimer leur solidarité. Il y avait les 4 usines Maruti, Bellsonica, FMI, Honda HMSI, Rico, FCC Rico, Munjal Showa, Munjal Kiriu, Daikin AC et de nombreuses autres. Plusieurs syndicats nationaux et des organisations ouvrières se sont également joints par solidarité.

Il a été décidé en commun d’élargir les actions de solidarité à toute la ceinture industrielle. Le 16 mars, la veille du jour où les sentences seront rendues par la Cour, des milliers de travailleurs de Gurgaon à Bawal boycotteront les repas servis à l’usine le midi et le soir, en solidarité avec le combat pour que justice soit rendue aux travailleurs de Maruti Suzuki.

Nous sommes dans une situation cruciale qui affecte la totalité de la classe ouvrière indienne.

Nous en appelons à tous les travailleurs et à tous ceux qui les défendent dans ce pays et partout afin que soient organisées des actions de solidarité dans et hors des usines, des protestations, des manifestations, des réunions, des délégations, des communiqués de presse, et toutes autres formes d’actions dans les jours à venir.

Nous devons nous préparer à un long combat. Ils veulent se servir de nous comme d’un exemple pour expliquer que tous ceux qui combattent pour leurs droits légitimes subiront le même sort. Mais nous avons donné et continuerons à donner l’exemple de l’action collective et du combat contre l’exploitation et la répression en forgeant une unité encore plus puissante avec nos frères et sœurs de classe. C’est ensemble que nous allons combattre la loi du pouvoir patronal et la politique anti-ouvrière des gouvernements, des États et du gouvernement fédéral qui combattent impitoyablement ce que nous faisons, ce à quoi nous aspirons et notre quête de justice.

Commission exécutive provisoire du Syndicat des Travailleurs de Maruti Suzuki

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